Le Voluptueux inquiet

Une recension de Frédéric Manzini, publié le

La Lettre à Ménécée d’Épicure, par laquelle l’éthique épicurienne nous est parvenue, est l’un des textes les plus célèbres de la philosophie. Son format court, son ambition de nous libérer de nos angoisses et de nous rendre heureux traversent les générations d’étudiants et de professeurs. De Ménécée lui-même, pourtant, nous ne savons pas grand-chose, sinon qu’il était un disciple d’Épicure. Sous couvert de la prétendue découverte en Turquie d’un rouleau rédigé en grec écrit de la main de Ménécée, Frédéric Schiffter envisage ici ce qui pourrait être une réponse de l’élève au maître. Or l’élève est rebelle ! Quand Épicure déclare que « les dieux ne sont pas à craindre », Ménécée répond que c’est des hommes superstitieux qu’il faut se méfier. « La mort n’est rien pour nous », disait le maître. « Nous ne sommes rien pour la mort », rétorque le disciple. Enfin, au lieu de distinguer les désirs naturels des désirs vains, Ménécée conteste que l’on puisse invoquer la « nature » comme une réalité alors que seul existe le chaos. La fiction de Schiffter n’est pas que divertissante : elle donne aussi à la Lettre à Ménécée un relief nouveau. En attendant les réponses d’Hérodote et de Pythoclès aux autres lettres d’Épicure…

Traduction du grec et présentation de Frédéric Schiffter
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