L’Éducation de Jésus
Une recension de Philippe Garnier, publié leJusqu’où le roman peut-il se confondre avec la philosophie ? Dans ses grands livres, En attendant les barbares, Michael K, sa vie, son temps, ou Disgrâce, l’art de J. M. Coetzee, prix Nobel de littérature en 2003, permettait d’incarner un fort message politique et social dans une narration vivante et surprenante. Bâtisseur d’histoires avant tout, l’auteur s’est toujours défendu d’être une instance morale.
Avec Une enfance de Jésus, publié en 2013, et L’Éducation de Jésus, qui en est la suite, le questionnement moral et philosophique envahit la fiction. Les deux titres de cette suite romanesque ont pour personnage central un enfant. Dans Une enfance de Jésus, on découvrait un homme et un petit garçon débarquant dans un nouveau monde. L’adulte n’était pas le père de l’enfant. L’un et l’autre paraissaient avoir perdu la mémoire. Dans ce cadre sans épaisseur – une sorte de terre d’utopie –, avec des personnages sans passé, le roman ne pouvait plus progresser que par des dialogues entre l’enfant et le père adoptif, où il était question de la place de l’homme et du sens du langage. Sur fond de dépouillement extrême, Coetzee reformulait à sa façon l’art du roman.
Une même sécheresse de fable guette L’Éducation de Jésus. Cette fois, David a 6 ans. Simon ressent le poids des ans depuis qu’il a travaillé comme docker. Entre-temps, il a trouvé une compagne, Inès, qui assume le rôle de mère adoptive. Tous trois fuient la grande ville où la police, croient-ils, les recherche. Ils trouvent refuge avec l’enfant dans une exploitation agricole qui les embauche. Bientôt, ils confient David à un institut où les enfants sont initiés aux nombres par la danse, dans une approche quasi mystique de l’arithmétique que l’on dirait inspirée de Pythagore.
Toujours aussi dépouillé et riche de dialogues – cette fois sur l’amour, la sexualité ou le sens des nombres –, ce singulier récit culmine dans un meurtre. Dès lors, à l’appareil imposant des questions théoriques avec lesquelles jouent les personnages, se substituent des interrogations plus secrètes : qu’est-ce qui sépare un enfant d’un adulte ? Pourquoi le sens de la violence n’est-il plus le même de part et d’autre de cette frontière ? Peut-on rester étranger à toute loi ? Et l’art du roman selon Coetzee de continuer sa mue étrange.
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