L'encre des savants

Une recension de Philippe Nassif, publié le

Élève de Jacques Derrida à Normale Sup’, entraîné à la logique à Harvard, enseignant la philosophie de l’islam à Dakar, Souleymane Bachir Diagne s’est forgé un style qui relève d’abord d’une éthique de la traduction. Il livre ici une introduction idéale – « un mémento », dit-il – à « l’activité philosophique en Afrique ». Rappelant que Tombouctou, par exemple, fut un haut lieu de débat sur Aristote entre le XIIIe et le XVIIIe siècle, il bat en brèche les tenaces présupposés à propos d’une pensée africaine « prélogique », « orale » ou assignée au seul « présent ». Il dévoile une philosophie sophistiquée dédiée au jeu des forces vitales. Et c’est ainsi qu’il plaide avec souplesse pour l’idée selon laquelle l’universel ne se donne que dans les cas particuliers – que ceux-ci soient européens ou, en l’occurrence, africains. Précis et précieux.

 

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