Les Heures heureuses
Une recension de Philippe Garnier, publié le« Rares les hommes qui ne sont pas pris en otage par le temps métrique et pour ainsi dire pulsatile des portables », écrit Pascal Quignard dans ce douzième tome de Dernier Royaume. Lui qui commença naguère une thèse sur le langage chez Bergson y médite sur la jouissance du temps et ce qui nous en prive.
Se rapprocher du pur présent, faire de chaque heure un royaume : ce projet semble à la portée de chacun. Or il exige une conversion permanente. Les habitudes sociales et le langage nous en détournent. L’urgence perpétuelle nous consume. Comment échapper à ce temps stérile, à ce compte à rebours dans lequel nos vies s’épuisent ? L’œuvre de Quignard est placée sous le signe de la rupture. La littérature sauve, dit-il, mais à certaines conditions. Derrière toute parole, il s’agit de retrouver une « hallucination première », un « songe immémorial ». Cette expérience – que Quignard appelle le « jadis » ou « la pulsion inorientée » – nous constitue et nous irrigue. Il faut accueillir en soi le miracle d’un temps qui jaillit de sa source, profus, indivisible et sans destination.
L’art d’écrire de Quignard est une fugue. Il se tient sur une crête entre conscience et inconscient, quête de vérité et risque assumé de l’égarement. Il restitue la fraîcheur perdue d’un rythme et d’une vision. Des paysages s’y déploient, depuis l’Yonne jusqu’au Japon. Le temps et l’espace sont retrouvés l’un par l’autre. On y passe des « très riches heures » enluminées de Jean Ier, duc de Berry au XVe siècle, au portrait d’Emmanuèle Bernheim, romancière disparue en 2017 et infatigable nageuse, en passant par La Rochefoucauld, Spinoza ou Sándor Ferenczi, qui, chacun à sa façon, entrèrent en sécession. On y tente enfin, tantôt émerveillé tantôt incrédule, de revenir à une extase élémentaire, antérieure à tout discours.
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