Œuvres complètes II
Une recension de Philippe Garnier, publié le« Le policier est le lecteur qui cherche en vain à mettre de l’ordre dans ce roman démoniaque », avertit Roberto Bolaño en ouverture des Déboires du vrai policier, roman inédit publié dans ce deuxième volume des œuvres complètes, lequel rassemble aussi des classiques – Des putains meurtrières et La Littérature nazie en Amérique latine – et un autre inédit, L’Esprit de la science-fiction.
Né à Santiago du Chili en 1953, mort à Barcelone en 2003, Bolanõ a laissé une œuvre immense dont certains pans inconnus remontent aujourd’hui à la surface. Plus que jamais, on y trouve un vaste système de résonances où les personnages des longs romans, tel que 2666, revivent ailleurs. Il en est ainsi de l’étrange Amalfitano, professeur de littérature chassé de l’université de Barcelone pour ses mœurs dissolues et qui surgit dans Les Déboires du vrai policier, avant de se perdre au Mexique et de sombrer dans la folie.
Affranchi du réalisme magique, brassant les langages littéraires et populaires, mêlant la violence de la rue à la poésie élégiaque, instillant un humour baroque dans des intrigues fleuves, Bolaño dépeint ses personnages comme des exilés à perpétuité. Il dessine un monde global où les identités et les patries sont des hallucinations passagères. Poètes sans œuvre, idéologues schizophrènes, bureaucrates mégalomanes, ses personnages ont perdu l’espoir d’une Terre promise. La grande patrie de la littérature se révèle à son tour un labyrinthe sans issue, un leurre supplémentaire.
Ce dont Bolaño parle le mieux, c’est de la faiblesse, y compris, paradoxalement, de la faiblesse littéraire. Ses personnages sont souvent des écrivains ratés. Ils vivent à l’ombre de grands auteurs qui se prenaient eux aussi pour des ratés. Ils se mêlent à un monde de prostituées, de petits dealers, d’adolescents de banlieue autistes et désœuvrés. En trois lignes, l’écrivain parvient à faire vivre un homme, avec ses rêves, ses fantasmes, ses échecs. Dans un entretien donné juste avant de mourir, Bolaño disait qu’il n’y avait que deux façons de vivre : celle de l’assassin et celle du détective. L’assassin n’a ni dieu ni maître, il vit dans l’acte pur. Le détective le suit à la trace et accumule les indices. La plupart des personnages de Bolaño sont des assassins manqués. Le lecteur, fiévreux, les traque dans une enquête infinie.
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