Un racisme imaginaire. Islamophobie et culpabilité
Une recension de Michel Eltchaninoff, publié lePascal Bruckner entend mener un « combat philosophique » contre le terme d’« islamophobie ». Ce mot est devenu d’après lui, depuis la Révolution iranienne de 1979, une « arme de guerre » contre ce qui fait le cœur de l’Occident : la liberté de critiquer les religions. Mais il est trop tard. Les intégristes et leurs alliés auraient réussi à tétaniser l’opinion en lançant une « chasse aux sorcières » contre ceux qui critiquent la religion de Mahomet. Selon Pascal Bruckner, cette défaite a été rendue possible par la haine de soi qui frappe l’homme occidental – maladie qu’il a diagnostiquée dès 1983 dans Le Sanglot de l’homme blanc. Au nom de l’exaltation d’un Autre idéalisé, les intellectuels, « islamo-gauchistes » en quête de nouveaux damnés de la terre ou membres d’« une certaine gauche halal » en admiration devant « toute la vêture des salafistes », se seraient donnés aux islamistes. Conclusion : « L’avenir retiendra qu’au XXIe siècle une large faction des intelligentsias occidentales pactisa avec le totalitarisme intégriste comme leurs aînés avaient pactisé avec le nazisme ou le communisme. »
Mais qu’en est-il du rejet réel de l’islam par une partie de la société ? Selon Pascal Bruckner, « on invente de la part des Américains et des Européens une haine formidable de l’islam qui est la simple projection de la haine que les fanatiques du Croissant éprouvent à notre égard ». Que dire alors des mouvements politiques, comme le Front national (FN), qui construisent leur succès électoral sur l’hostilité à l’islam ? S’agit-il, là encore, d’un racisme imaginaire ? Pascal Bruckner n’aborde pas directement le sujet. Mais on peut déduire sa position en comparant les solutions qu’il préconise avec celles du FN. Contrairement au discours frontiste sur une prétendue islamisation de la société, Pascal Bruckner, même s’il critique le port du voile, considère qu’il « serait grotesque de l’interdire dans nos villes et dans nos rues ». Il ne croit pas au choc des civilisations ni à la thèse de l’islam comme puissance à la conquête du monde. Selon lui, la haine que les islamistes vouent à l’Occident exprime surtout le fait… qu’ils nous ressemblent. L’intégrisme signifie que les pays musulmans sont conquis par les modes de vie et les valeurs occidentales, et que « cette contamination les effraie ». L’islam, comme l’a fait le christianisme, va inéluctablement être gagné par l’indulgence et le scepticisme. « Rien de plus doux qu’une grande religion à son déclin », conclut Pascal Bruckner. Une conclusion souriante pour un essai qui l’est fort peu.
La polémique enfle à Sciences-Po Grenoble. L’affaire commence le 30 novembre dernier, un professeur d’allemand s’inscrit dans le groupe de travail « …
Où commence le racisme ? Notre nouveau livre sort en librairie ce vendredi 12 mai ! Il s’agit d’un dialogue entre deux jeunes philosophes,…
Les propos violents d’Éric Zemmour et d’autres figures médiatiques contre l’islam font polémique. Sont-ils islamophobes ? Le mot lui-même n’est…
« Islamophobie » : le mot est sur toutes les bouches, des médias aux politiques en passant par les conversations privées. Tantôt…
Notre rédacteur en chef Michel Eltchaninoff a été distingué ce 23 juillet 2016 par le prix Livre et Droits de l’Homme pour son essai “Les Nouveaux…
Notre collaborateur Michel Eltchaninoff a reçu, ce mercredi 20 mai 2015, le prix de l'Essai décerné par “La Revue des Deux Mondes” pour son…
« Face à la guerre » : notre édition spéciale consacrée à l’Ukraine est disponible chez votre marchand de journaux et en librairie. Dix…
La reprise du Haut-Karabagh par l’Azerbaïdjan plonge les Arméniens dans la pire des aliénations : le déni de reconnaissance.