Une saison de coton. Trois familles de métayers
Une recension de Catherine Portevin, publié leEt voilà un écrivain journaliste, James Agee, envoyé en reportage avec le photographe Walker Evans par le magazine Fortune chez les métayers pauvres de l’Alabama en 1936. À leur retour, le reportage est refusé et enterré. Il est devenu, cinq ans plus tard, un livre incandescent, Louons maintenant les grands hommes (paru en français en 1972, chez Plon, dans la collection Terre humaine), cosigné par l’écrivain et le photographe, plusieurs fois réédité, et qui circule depuis en brûlant secrètement ses lecteurs. Paraît ces jours-ci la version que l’on croyait perdue dans le marbre de Fortune, sous le titre Une saison de coton. Trois familles de métayers (Christian Bourgois, 224 p., 18 €, avec un portfolio de Walker Evans). On n’y retrouve pas les passages de pure poésie rimbaldienne d’Agee criant son indignation contre la pauvreté, mais tous les éléments de reportage y sont, au ras du réel, le « goutte-à-goutte régulier de détails quotidiens qui oblitèrent les vies », consignés avec la même précision exhaustive, dans les cabanes des familles Burroughs, Tingle et Fields (nommées ici sans pseudonymes). Si la voix de James Agee parle encore si fortement, c’est grâce à sa fièvre de comprendre le monde en s’approchant sans concession à la singularité de chaque vie humaine. Comme le dit Rancière, grand admirateur d’Agee (lire Aisthésis, Galilée, 2011) : voir « la beauté présente au cœur de la misère et la misère de ne pas pouvoir percevoir cette beauté ». Le réel, quoi.
Walker Evans n’a cessé de photographier l’Amérique et les Américains, en artiste jouant des codes du documentaire. Une vaste exposition organisée au Centre Pompidou (Paris) rend hommage à son style “vernaculaire”.
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