Vies et morts des superhéros

Une recension de Victorine de Oliveira, publié le

Depuis les années 2000, la ligue des garçons musclés à collants a quitté le rayon « jeunes adultes nerds » pour accéder au statut d’objets de pensée. Sous la plume d’auteurs tel Laurent de Sutter, leur auréole pop se nimbe d’un sérieux tout universitaire, sans que la gourmandise ne le cède complètement à l’analyse. À cette galerie hétéroclite des super-héros correspond la pluralité des signatures : de Sutter taille un costard en acier à l’irrésistiblement énervant Tony Stark/Iron Man, dont l’être s’alimente à « la logique du supplément et de l’excès », Tristan Garcia explore la « rationalité de la bande dessinée » à travers les planches psychédéliques de Dr Strange, Dick Tomasovic dresse un émouvant portrait de Peter Parker/Spider-man en éternel pénitent, Dan Hassler-Forest voit dans le Batman revu par Christopher Nolan la métaphore d’un questionnement sur la surveillance panoptique… Autrefois armes de propagande massive ou instruments de soft power, les super-héros deviennent miroirs d’angoisses et de failles aussi intimes que collectives : une métamorphose sans effets spécieux. 

 

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