Yin Yang. La dynamique du monde

Une recension de Martin Duru, publié le

C’est un incontournable de la pensée chinoise, presque un talisman – d’ailleurs, il est représenté par un fameux cercle divisé en deux croissants blanc et noir, que l’on peut porter en pendentif (un brin new age). Le yin et le yang, on croit connaître : côté yin, un principe associé à l’ombre, au féminin, au passif ; côté yang, un principe lié à la lumière, au masculin, à l’actif. Deux pôles que tout sépare, donc. Et patatras ! Avec force, et un sens consommé de la pédagogie, le sinologue Cyrille Javary remet en question l’opposition binaire. Nous, Occidentaux, avons la passion des dualismes (le bien et le mal, la nature et la culture…) et séparons nettement le yin et le yang ; or, dans la philosophie et la culture chinoises, ces deux termes vont ensemble, forment un tout indissociable. Ce ne sont pas des états, des catégories figées, mais des tendances, des « modes d’agir » qui s’appellent et se répondent. Par exemple, yin correspond à un mouvement de « repliement » ou de stabilisation, yang à un élan vers l’extérieur, à ce qui « dynamise ». Ou encore : l’automne refroidit, il est yin ; le printemps réchauffe, il est yang. Entre les deux s’instaure un roulement, un projet de passage perpétuel : comme le jour succède à la nuit, comme le sucré relève le salé, et réciproquement, yin-yang désigne « la dynamique du fonctionnement des choses vivantes », le « tempo » même du monde rythmé par l’alternance des complémentaires, plus que des contraires. Alors, comme nous y invite Javary, n’écrivons et ne pensons plus qu’en un seul mot : « Yin-Yang » !

Sur le même sujet