André Comte-Sponville : “Mon maître d’incroyance”
« J’ai découvert Pascal vers 16 ou 17 ans, donc avant la terminale et sans que les cours de français, me semble-t-il, y soient pour beaucoup. Les Pensées sont sans doute le premier livre de philosophie que j’ai lu, mais pour des raisons qui touchaient plus à la religion qu’à la littérature. J’étais chrétien pratiquant, et même militant (aux Jeunesses étudiantes chrétiennes). J’imagine que je cherchais d’abord chez Pascal de quoi conforter ma foi, bien sincère et vive, mais aussi ouverte au doute, comme c’est normal, et source elle-même d’inquiétude… Sauf que ce n’est pas le caractère apologétique des Pensées qui m’a retenu, ni même ce qu’il dit sur Dieu (il n’en dit pas grand-chose) ou sur la foi (qu’elle relève du cœur plus que de la raison : j’en étais d’emblée convaincu). Non, ce qui m’a frappé, secoué, c’est ce qu’il dit sur l’homme, sur sa misère et sa grandeur, mais sur sa misère d’abord et surtout ! Découvrant Pascal, j’y trouvais moins de nouvelles raisons de croire en Dieu que de nouvelles raisons de ne plus croire en l’homme !
Ses arguments en faveur de la vérité du christianisme, fortement appuyés sur les prophéties et les miracles, me paraissaient faibles. Son pari, si fameux, ne me touchait guère. Que j’aie intérêt à croire en Dieu, c’est à la rigueur possible. Mais qui voudrait soumettre sa pensée à un calcul d’intérêt ? En revanche, les textes de Pascal sur le divertissement, sur l’ennui ou sur la déréliction me paraissaient d’une vérité bouleversante. Par exemple, ce fragment, l’un des plus courts des Pensées : “Condition de l’homme. Inconstance, ennui, inquiétude.” Ou cet autre, plus explicite : “Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passion, sans affaires, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir.” Comme cela sonnait vrai ! Comme cela touchait juste ! »
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
André Comte-Sponville donne un éclairage sur le fameux fragment des “Pensées” de Pascal sur le “divertissement”.
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