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Avishai Margalit en 2009. © Basso Cannarsa/Opale/Leemage

Israël / Politique

Avishai Margalit : “Il y a beaucoup de mauvais compromis dans cette coalition mais pas de ‘compromis pourris’”

Avishai Margalit, propos recueillis par Pierre Terraz publié le 08 juillet 2021 3 min

Une coalition politique hétéroclite vient de chasser Benyamin Netanyahou de la tête du gouvernement israélien qu’il occupait depuis douze ans. Mais comment cette alliance fragile parviendra-t-elle à diriger le pays ? Éclairage avec Avishai Margalit, professeur émérite à l’Université hébraïque de Jérusalem et penseur du compromis.

 

Pouvez-vous décrire la situation politique actuelle en Israël ?

Avishai Margalit : Pour la première fois depuis douze ans, nous avons un nouveau gouvernement qui court de l’extrême droite à l’extrême gauche. Le dénominateur commun de cette coalition hétéroclite est la volonté de se débarrasser de Benyamin Netanyahou. Mais la raison de ce changement n’est pas purement interne à Israël : il ne s’agit pas d’un changement de paradigme sur la question palestinienne, par exemple. Je crois plutôt que Netanyahou incarne une tendance politique qui émerge partout, celle de conserver la façade d’une démocratie tout en agissant en autocrate. C’est le cas actuellement avec Marine Le Pen en France, Jair Bolsonaro au Brésil, Donald Trump aux États-Unis. Il y a une tendance xénophobe mondiale, qui tend à changer le concept même de citoyenneté « civique » en citoyenneté « ethnique », dans laquelle les minorités n’auraient pas leur place. Cela a été le projet de Netanyahou pendant longtemps, et c’est quelque chose qui est devenu insupportable pour beaucoup d’Israéliens. C’est pourquoi je crois que cette coalition relève plus d’une volonté de se débarrasser de lui que de créer un véritable projet politique commun. Naftali Bennett et Gideon Sa’ar ont aussi travaillé avec « Bibi » pendant longtemps – il les a humiliés tous les deux. Il y a donc, en plus d’un ras-le-bol politique, des rancunes personnelles.

 

Étant donné ces rancunes personnelles et l’hétérogénéité des opinions politiques au sein de la coalition, pourrait-on la qualifier de « compromis pourri » ?

Il y a beaucoup de mauvais compromis dans cette coalition mais pas de « compromis pourris ». Un « compromis pourri », c’est lorsque le compromis en question nous fait entrer dans un régime basé sur l’humiliation et la cruauté. Or je ne pense pas que ce sera le cas avec ce nouveau gouvernement. En revanche, c’était le cas dans le traitement réservé aux Palestiniens par le gouvernement de Netanyahou. À ce sujet, j’ai écrit un livre intitulé La Société décente. Une société décente est une société dans laquelle les institutions n’humilient pas les citoyens qui vivent sous leur juridiction. Humilier, ici, signifie ne pas considérer les personnes comme des êtres humains mais comme des chiffres ou des sous-hommes… J’établis une distinction entre une société « décente » et une société « civilisée » : une société peut tout à faire être civilisée mais indécente. La Tchétchénie, par exemple, est une république plutôt civilisée sur le plan de l’évolution économique, mais indécente sur la question de l’homosexualité. De même, une part des idées ayant encore leur place aujourd’hui dans la société israélienne est indécente.

 

Doit-on craindre l’arrivée de Naftali Bennett au poste de Premier ministre ? Le dirigeant nationaliste s’est ouvertement prononcé en faveur d’une annexion de la bande de Gaza…

Bennett fait partie des ultra-nationalistes, mais, même en tant que Premier ministre, je ne pense pas qu’il aura une importance majeure dans la coalition. Plus largement, je crois qu’aucun membre de cette coalition ne tentera de « secouer le bateau » : ils sont dans une position très fragile et ne peuvent pas exister politiquement indépendamment les uns des autres. Ils feront donc les choses de manière très prudente, ce qui fait que ce gouvernement sera paralysé sur tous les sujets importants, sans la possibilité de proposer quelque chose de concret sur la question palestinienne. Et puis, il ne faut pas oublier qu’il y a eu un changement aux États-Unis depuis l’élection de Joe Biden. Les démocrates américains sont de plus en plus à gauche et de moins en moins complaisants avec Israël par rapport aux générations précédentes et à Donald Trump. La principale contrainte pour Bennett sera donc la pression des États-Unis. Et ce, même si le statu quo en vigueur n’est pas un statut « fixe » mais « mobile », qui permet d’annexer plus de territoires…

Traduit par Pierre Terraz
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