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Dossier “Pourquoi on s’énerve ?”

Ce qui nous tape sur le système

Catherine Portevin publié le 03 juin 2021 10 min

Comment faire la radiographie de l’énervement ? Pour le savoir, nous avons interrogé des spécialistes des neurosciences et de la psychologie, et cette émotion apparaît moins mécanique qu’on pourrait le penser.

 

J’ai pété les plombs, tu as fait un court-circuit, il a disjoncté, il y a de l’électricité dans l’air… On a beau chercher, on ne trouve pas de métaphore plus appropriée pour décrire l’énervement que celle du courant électrique. Mais si le vrai colérique explose telle une bombe ou implose comme un vieux téléviseur, l’énervé serait plutôt monté sur courant continu, infatigable comme le lapin d’une célèbre marque de piles tapant sur son tambour. On l’allume, il réagit au quart de tour tel un moteur à réaction ; l’irritable se voit en grenouille agitant la patte si on lui en excite le nerf sur la table de dissection. Pile, lapin, moteur, grenouille : nous voilà réellement animal-machine. Envisagé ainsi, l’énervement semble la plus primaire des émotions, tout entière activée par des réseaux neuronaux. 

 

Ceci n’est pas une émotion

Première surprise : les spécialistes du « cerveau émotionnel » ont autant de mal que les philosophes à définir le phénomène de l’énervement. Comme tout un chacun, ils l’associent à la colère, ils étudient les conditions de l’agressivité, les effets du stress, les tempéraments irritables, l’hyperactivité… « Certes, il existe des expériences de stimulation de certaines aires du cerveau, responsables de nos comportements, explique la neurobiologiste Catherine Belzung, chercheuse à l’Inserm (université de Tours) et spécialiste de la biologie des émotions. L’expérimentateur va stimuler en laboratoire l’hypothalamus d’une souris, et celle-ci devient furieuse, déchire tout ce qu’elle voit et s’agite en tous sens ; on pourrait dire qu’elle s’énerve. Dès que l’on cesse la stimulation de cette région cérébrale, la souris redevient calme et placide. Cela donne l’impression qu’il y aurait dans le cerveau un bouton on/off responsable de l’agressivité, mais cela ne nous avance pas beaucoup ! Vouloir identifier des aires ou des réseaux cérébraux comme causalement impliqués dans l’énervement me semble inadéquat. On peut certes stimuler électriquement ma main pour qu’elle bouge mais pas pour qu’elle donne une gifle ! Il faut être très vigilant lorsqu’il s’agit d’interpréter les données du cerveau énervé ! » On a en effet vite fait de prendre les con­séquences pour les causes et de con­fondre les causes et les raisons.

Ces précautions posées, comment cependant les neurosciences éclairent-elles la compréhension de nos émotions et comment situer l’énervement parmi elles ? « L’énervement n’est pas une émotion en soi », nous détrompe Catherine Belzung. Elle distingue classiquement les émotions « primaires » et « secondaires ». La joie, la tristesse, la colère, la peur (auxquelles on ajoute souvent la surprise et le dégoût) sont primaires, parce qu’elles ont une base biologique par leur fonction adaptative : elles nous permettent d’évoluer et de survivre dans notre environnement (par exemple, la peur nous alerte et nous protège d’un danger) et sont présentes chez tous les humains (et sans doute d’autres vivants). En revanche, les émotions secondaires peuvent être spécifiques à certaines cultures : par exemple, la culpabilité, que l’on peut penser façonnée par une culture judéo-chrétienne. Néanmoins, cette partition est remise en cause : des travaux récents, croisés avec ceux de l’anthropologie, montrent que même les émotions primaires sont en partie socialement cons­truites : la fonction et les valeurs attachées à la joie, la peur, la colère, la tristesse ne sont pas les mêmes dans toutes les cultures et influent sur leur expression ou leur inhibition, y compris cérébrale. Quoi qu’il en soit, nulle place particulière là-dedans pour l’énervement. Selon Catherine Belzung, il n’est ni défini culturellement ni non plus adaptatif, car « il n’améliore pas notre manière de faire face à l’environnement ». 

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Article issu du dossier "Pourquoi on s’énerve ?" juin 2021 Voir le dossier
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