Conseil n° 3 / Portons un slip
L’obligation pour tous de porter un slip avait provoqué dans la population les réactions les plus diverses. Si la majorité des personnes comprenait les raisons qui avaient poussé les pouvoirs publics à imposer le port du slip, certains réfractaires n’entendaient pas baisser la garde sur ce qu’ils considéraient comme une atteinte insupportable à leur liberté individuelle. « Personne, jamais, ne m’obligera à porter un slip ! » éructa, filmée en gros plan sur tous les écrans du monde, une chargée d’études marketing d’un grand groupe financier européen, tandis que le descendant d’une ancestrale famille écossaise expliquait doctement que depuis des générations, l’absence, sous le kilt, de tout sous-vêtement, était, à ses yeux, plus qu’une coutume, une culture.
Certains scientifiques exprimaient leurs réserves concernant le slip, craignant que la généralisation de son port, ne provoque un empoisonnement par inhalation de ses propres gaz.
La parole officielle n’avait que faire de ces atermoiements jugés réactionnaires.
« Le port du slip, selon le Premier ministre interrogé à l’Assemblée nationale, doit être la règle de base en lieu clos. » Coup de tonnerre ! Saisissement ! Stupéfaction ! Les représentants de la nation étaient en ébullition.
« Je ne porte jamais de slips mais des culottes de peau, suis-je déjà, dans votre état liberticide, considéré comme un hors-la-loi ? » interrogea lyriquement le chef de l’opposition.
« Sera-t-il possible d’ôter son slip, par exemple pendant son sommeil ou en compagnie de personnes proches et de confiance ? » questionna posément une députée de l’Orne, tandis qu’un élu de l’Hérault, des sanglots dans la voix, ayant en charge une partie de la gestion du littoral du Languedoc-Roussillon – et notamment du Cap d’Agde – s’inquiétait pour l’avenir de sa région : « N’est-il pas envisageable d’imaginer, monsieur le Premier ministre, et je vous le demande solennellement, que certains endroits spécifiques puissent bénéficier d’une dérogation afin de ne pas porter atteinte à la vie économique et sociale de toute une population ? »
Les questions étaient nombreuses, la plupart à l’étude.
Certains mauvais esprits rappelaient qu’il n’y a pas si longtemps, on doutait, en haut lieu, de l’efficacité du slip. Une responsable politique avouait benoîtement qu’elle ne savait pas comment enfiler un slip, alors, expliquait-elle avec une fausse humilité, qu’« elle-même était ministre ».
Le personnel hospitalier, on s’en souvient, avait connu une pénurie de slips, alors que leurs bassins se situaient souvent à hauteur de malade.
La question sociale, évidemment, n’était pas en reste. Imposer le port du slip à tout le monde, partout et en tous lieux, d’accord, mais qui paierait la facture ?
Certains, particulièrement optimistes, prédisaient qu’un jour futur, le slip serait rentré dans les mœurs et qu’on le commémorerait lors d’une gigantesque « fête du slip ».
Le présage était sympathique mais peu réaliste.
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
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