“Hip-Hop 360”. Une histoire sample

Comment expliquer le succès planétaire du hip-hop ? Une exposition retrace l’histoire de cet art de rue, né dans les ghettos de New York au début des années 1970, et qui regroupe un ensemble de disciplines : la musique, le rap ; le DJing ou l’art des maîtres de cérémonies (MC) ; une danse, le break dancing ; un art graphique et urbain, le graffiti. Il repose sur des morceaux mixés, des samples, un rythme saccadé et percussif, des paroles aux images poétiques et souvent aux prises avec le réel, sinon engagées. Le parcours « immersif » présenté à la Cité de la musique en témoigne – beaucoup de noms ne diront sans doute rien aux néophytes, mais de nombreuses vidéos permettent de se faire une idée. Pour le philosophe Richard Shusterman, auteur de L’Art à l’état vif. La pensée pragmatiste et l’esthétique populaire (1992 ; rééd. L’Éclat, 2018), le retentissement mondial de cette discipline minoritaire à l’origine tient précisément à cet exercice « éclectique et chatoyant » d’appropriation qui « viole les conventions esthétiques modernes de pureté et d’intégrité », rend l’existence fidèle à l’art et implique un certain mode de vie. Pour ce partisan d’une esthétique pragmatique, « le rap illustre parfaitement la continuité essentielle entre l’art et la vie, les passages de l’un à l’autre, une idée pragmatique ». Il s’agit, avec lui, « de reconnaître que les œuvres d’art sont aussi des entités réelles, ayant un impact réel sur les vies des gens existant réellement, et que cet impact va plus loin que leur seule résonance esthétique ».