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Delphine Horvilleur. © Corentin Fohlen/Divergence

Entretien

Delphine Horvilleur : “L’État d’Israël ne peut pas se débarrasser de la question de la vulnérabilité”

Delphine Horvilleur, propos recueillis par Martin Legros publié le 18 mars 2024 13 min

Après le massacre terroriste perpétré par le Hamas le 7 octobre et la guerre menée depuis par Israël en représailles à Gaza, il est de plus en plus difficile d’aborder ce drame sans acrimonie. La rabbine Delphine Horvilleur, qui connaît un grand succès avec son nouveau livre Comment ça va pas ? Conversations après le 7 octobre (Grasset), cherche à formuler le désarroi de la communauté juive face au retour de l’antisémitisme, tout en pointant les limites de l’usage de la force. Sa position nuancée mérite d’être entendue.


 

“Le 7 octobre a fait de moi quelqu’un d’autre”, écrivez-vous – une autre femme, une autre rabbine, une autre mère, une insomniaque et une apprentie boxeuse, décidée à rendre les coups… Où étiez-vous quand vous avez appris l’événement ? 

Delphine Horvilleur : On est censé se souvenir de l’endroit et du moment où on apprend les événements dramatiques de l’histoire. Le 7 octobre, j’ai pris connaissance de l’attaque le matin même, une amie chère m’a appelée pour me dire ce qui se passait en Israël. J’ai vu des images tournées à Sderot, ville voisine de Gaza, où des hommes en noir masqués avançaient sur des pick-up vers les kibboutzim. Mais je n’ai pas compris l’ampleur de ce qui se passait. Et je ne me souviens quasiment plus de ma journée, comme si rien ne s’était imprimé… Il faut dire que c’était un jour de fête juive – Sim’hat Torah –, j’avais des engagements en tant que rabbine, avec ma famille, mais le reste est nimbé de blanc. Le sens de l’événement s’est déployé dans la longueur, il a fallu attendre le témoignage des victimes pour mesurer la gravité du massacre. Tout cela m’a ramené à ma jeunesse. J’ai vécu en Israël. Et le lieu des massacres est un endroit que je connais bien. J’y ai travaillé comme volontaire quand j’avais 17-18 ans. Ce sont des kibboutzim habités majoritairement par des héritiers de l’espoir de paix initié par [l’ex-Premier ministre israélien] Yitzhak Rabin, dont certains prennent en charge les Palestiniens malades pour les emmener se faire soigner en Israël. Que ce soit eux qui aient été tués et violés rajoute une dimension plus dramatique encore à cette histoire. 

“Tout ce sur quoi j’ai construit ma vie jusqu’ici est centré sur la construction de ponts, intellectuels, politiques, théologiques. Cela s’est effondré le 7 octobre”

 

Personnellement, en quoi l’événement vous a changée ? 

Tout ce sur quoi j’ai construit ma vie jusqu’ici, mon engagement de citoyenne, de rabbine, l’éducation que je transmets à mes enfants, les dialogues que j’ai entamés avec des interlocuteurs du camp d’en face, tout est centré sur la construction de ponts, intellectuels, politiques, théologiques. Cela s’est effondré le 7 octobre. 

 

Au-delà de la communauté juive, tout dialogue concernant la guerre entre Israël et le Hamas semble devenu impossible. Pourquoi ? 

Ce conflit déchaîne les passions… et se nourrit d’ignorance et de manipulations. De la jeunesse, en particulier. Quand vous voyez des jeunes manifestants réclamer un État palestinien « de la rivière à la mer » – « from the river to the sea » – et que vous leur demandez, de quelle rivière ils parlent ? De quelle mer ? Ils ne savent pas répondre. Ils ne savent pas placer les choses sur une carte, alors même qu’ils reconduisent des mots d’ordre sur cet État « colonial » dont la création serait illégitime, qui occuperait un territoire qui ne lui appartient pas… Le colonialisme, si l’on s’y intéresse du point de vue historique, c’est un Empire, français ou britannique, avec une métropole à distance qui s’empare d’un territoire lointain et soumet les populations. Quand les Juifs sont arrivés d’Europe en Palestine pour réaliser le projet sioniste, c’étaient tous des réfugiés, pas des colons. Et la raison d’être de cet État, c’est que l’Europe avait cherché à les exterminer. Voilà des éléments qui devraient compliquer un peu le logiciel « décolonial » avec lequel on aborde aujourd’hui ce conflit. Les personnes qui s’emportent contre l’existence d’Israël semblent être ventriloquées par des clichés et des mensonges. Est-il nécessaire d’accuser Israël d’holocauste et de génocide pour dénoncer les bombardements à Gaza ? Tout se passe comme s’il y avait eu un kidnapping des consciences par une idéologie qui réduit tout au prisme de l’opposition simpliste du dominant et du dominé. Tout doit rentrer dans ce schéma simpliste. 

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