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Cinéma

“Énorme” fait-il un enfant dans le dos au féminisme ?

Ariane Nicolas publié le 04 septembre 2020 3 min

Claire et Frédéric ont la quarantaine. Elle est pianiste renommée, lui la suit autour du monde en tant qu’agent et mari aux petits soins. Un jour, Frédéric a une illumination : il veut un enfant. Tous deux s’étaient pourtant mis d’accord, ils seraient nullipares. Comment faire ? Bravant la loi et la confiance de sa femme, Frédéric s’arrange pour qu’elle tombe enceinte, en trafiquant sa pilule… Tel est le point de départ dérangeant d’Énorme, comédie de Sophie Letourneur avec Marina Foïs et Jonathan Cohen. Avant même sa sortie sur les écrans, mercredi 2 septembre, Énorme était attaqué sur les réseaux sociaux pour son synopsis jugé sexiste. La chroniqueuse Maïa Mazaurette a enfoncé le clou mardi sur le plateau de l’émission de télévision Quotidien, rappelant devant les comédiens – médusés – que l’acte de Frédéric était passibles de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. Le film ferait-il l’apologie des violences sexuelles et de l’entrave à l’IVG ? Bien qu’il mette en scène un geste hautement condamnable, Énorme opère en réalité une réflexion singulière sur la sacralisation de la maternité et les assignations de genre. Un film qui en a dans le ventre… 

 

Horreur et burlesque

Dès les premières minutes, le spectateur comprend qu’il n’a pas affaire à une comédie classique. Claire est mutique, Frédéric inquiétant d’enthousiasme, les décors un peu de guingois et les autres personnages lunaires. Frédéric ne cessera de mimer la grossesse de sa femme, entassant des habits sous son pull ou assistant aux séances prénatales tout seul. Même si ce jeu autour du corps donne lieu à des situations burlesques, le film lorgne aussi vers le fantastique (le ventre démesuré de Marina Foïs menace littéralement d’exploser). Selon la cinéaste, ce subtil malaise doit permettre de « faire sentir le côté surnaturel de la fabrication d’un être dans un autre être ». Et de poser les questions qui fâchent, à partir d’une situation totalement irréelle. 

Violences faites aux femmes 

Sur le fond, pas d’ambiguïté : ce que vit Claire est une violence intolérable. Ce n’est d’ailleurs pas la seule qu’elle endure. Bien qu’il soit très attentionné, Frédéric passe son temps à l’interrompre et à agir à sa place. Seule face à une grossesse qu’elle redoute et ne comprend pas, Claire « a peur » mais son entourage semble l’ignorer. Au début du film, c’est une autre femme qui subit une violence obstétricale (une épisiotomie non consentie). Avec Énorme, Sophie Letourneur s’attaque donc au mythe de la maternité heureuse et à la culpabilisation des femmes enceintes, sommées de tout accepter (la souffrance, la peur de mourir ou de devenir l’esclave de son enfant) sans broncher. Il faut près d’1h30 pour que Claire reprenne possession de son corps et apprenne à dire : « C’est moi qui décide. »

Une réflexion sur l’égalité de genre

Le format carré de l’image n’est pas innocent : « Il montre que chacun est enfermé dans sa condition », d’après Sophie Letourneur. Frédéric rêverait certes d’être une femme, mais il se comporte comme le pire des misogynes en imposant sa volonté à sa partenaire. De son côté, Claire se conforme à une certaine idée de la masculinité (indépendance, succès, sexualité à la demande) mais expérimente un violent retour au réel avec l’annexion de son utérus. La tromperie de Frédéric permet à la cinéaste de s’interroger : peut-on vraiment, dans un couple, se mettre à la place de l’autre ? L’égalité suppose-t-elle l’identité ? Comment inclure davantage les hommes pendant une grossesse ? Des questions très actuelles qui font dire à Sophie Letourneur que le film est bien « féministe ». 

Une fin trop conventionnelle ? 

« Dans mes films, il n’y a pas beaucoup de réponses », assure la réalisatrice. La fin d’Énorme semble toutefois prendre parti, puisque l’enfant est accueilli aussi bien par la mère que par le père. Écartant un peu trop vite la question du ressentiment de Claire à l’encontre de Frédéric, Sophie Letourneur fait finalement l’éloge d’un modèle assez courant aujourd’hui : celui d’une famille où le père est une mère comme les autres. La subversion qui traverse le film s’arrête malheureusement à la salle d’accouchement, dans un épilogue certes émouvant, mais trop convenu.

Énorme
Énorme, de Sophie Letourneur, avec Marina Foïs et Jonathan Cohen, en salles depuis le 2 septembre. Durée : 98 minutes.

Le consentement, un enjeu majeur du féminisme. L’analyse de Manon Garcia
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