Êtes-vous noctalgique ?
Noctalgie, contraction de nuit et nostalgie, est le mot forgé par Aparna Venkatesan et John C. Barentine dans un article récent pour désigner le malaise ressenti quand la pollution lumineuse nous empêche de voir le ciel étoilé. « Bien plus qu’à une simple disparition d’environnement, nous assistons à une disparition de patrimoine, de langage, d’identité, d’histoires et de notre capacité à développer des activités […] qui respectent l’intégrité écologique de ce que nous appelons notre chez-nous. » Explications.
Des étoiles pour se sentir chez soi
Pourquoi donc l’effacement du ciel étoilé nous affecte-t-il autant, au point de forger un mot pour en parler ? La mystique Etty Hillesum (1914-1943) en donne peut-être un premier indice dans ses Lettres de Westerbork. Elle y relate cette anecdote : « Jopie était assis sur la lande, sous le grand ciel étoilé, et nous parlions de nostalgie. “Je n’ai aucune nostalgie”, dit-il, “puisque je suis chez moi”. Pour moi ce fut une révélation. On est chez soi. Partout où s’étend le ciel on est chez soi », comme sous le toit constellé de lumières scintillantes qui coiffe la demeure terrestre commune à tous les hommes. Celui qui n’a pas de demeure possède du moins encore celle-là : il n’est pas simplement jeté dans un univers vide, il est plutôt accueilli dans un monde naturel familier qui lui offre l’assise d’un sol et le repère lumineux de quelques phares célestes. Il y est toujours chez lui. L’infinie distance, loin de détruire ce sentiment de familiarité, le révèle, comme le remarque Gaston Bachelard dans L’Air et les Songes. Essai sur l’imagination du mouvement (1943) : « Quand, dans le ciel anonyme, nous fixons une étoile, elle devient notre étoile, elle scintille pour nous, son feu s’entoure d’un peu de larme, une vie aérienne vient soulager en nous les peines de la terre. […] Un infini de communion efface un infini de grandeur. Le monde des étoiles touche notre âme : c’est un monde, du regard. » L’étoile est comme une lumière qui nous regarde, qui fait attention à nous.
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