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Prière du vendredi à la Grande mosquée de Paris, le 13 avril 2021. © Isa Harsin/SIPA

Entretien

Franck Frégosi : “Plus qu’un islam de France, il y a des islams de France”

Franck Frégosi, propos recueillis par Octave Larmagnac-Matheron publié le 20 avril 2021 10 min

De quoi parle-t-on lorsque l’on évoque “l’islam de France” ? Les tensions actuelles au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM) suite à la signature en début d’année de la Charte des principes pour l’islam de France proposée par l’Élysée, ainsi que les débats hexagonaux qui traversent la communauté des croyants sont, pour le professeur de science politique Franck Frégosi, le signe que l’islam français est marqué par de profondes divergences.

 

On parle souvent de “l’islam de France”. À quoi renvoie cette expression ?

Franck Frégosi : L’expression « islam de France » est souvent et notamment employée par les décideurs politiques pour souligner leurs attentes à l’égard des musulmans de France – en particulier, celle d’une autonomisation, voire d’une indépendance intellectuelle par rapport à certaines institutions de formation théologique localisées dans le monde musulman, au Maghreb comme au Machrek et dans le Golfe en particulier, et surtout par rapport à certains États étrangers qui gardent un œil attentif sur leurs diasporas comme l’Algérie, le Maroc ou la Turquie. Mais ce terme, également présent dans les sciences sociales, s’efforce de rendre compte d’une tendance de fond : les musulmans de France – en grande partie de nationalité française –, quelles que soient leurs origines familiales, ethno-nationales ou culturelles, s’inscrivent de plus en plus dans les dynamiques propres de la société française. Ils appréhendent leur rapport à la religion dans le contexte d’une société profondément sécularisée, de plus dans un régime de laïcité. Ils s’adaptent globalement – même si parfois, des controverses et des incompréhensions peuvent survenir – à ses caractéristiques, à cet environnement, aux usages dominants (consommation, politique, culture…). L’islam, pas plus que les autres religions, n’est en mesure de contrôler – ni ne peut plus prétendre structurer – l’ensemble de la société. Mais en retour, réciproquement, les pouvoirs publics n’ont pas eux non plus vocation à se substituer aux principaux intéressés, en l’espèce aux croyants, quand il s’agit d’organiser ou de financer le culte ! Quand on parle d’« islam de France », on parle de ces deux réalités, politique et sociologique.

 

Malgré ces évolutions, l’islam en France reste une mosaïque ?

Une partie importante de la population musulmane est issue de cycles migratoires. Mais les histoires migratoires sont hétérogènes. Une large partie de ces musulmans a des racines de l’autre côté de la Méditerranée, dans les pays du Maghreb, qui faisaient jadis partie de l’empire colonial français. Ces histoires coloniales sont elles-mêmes diverses, entre la situation de l’Algérie comme colonie de peuplement et le régime du Protectorat de la Tunisie ou du Maroc, mettons. Et par ailleurs, une autre partie des musulmans français n’a aucun lien avec cette mémoire de l’empire colonial – telles les populations d’origine turque, par exemple. Ces différentes mémoires impactent évidemment le rapport à la religion et à l’État. Ces effets sont parfois amplifiés quand certains États entendent exercer un contrôle sur ce qui se passe hors de leurs frontières, via des financements. C’est le cas d’Erdoğan avec les Turcs par exemple. Mais voyez aussi les crispations au sein du CFCM, qui reflètent les tensions algéro-marocaines. N’oublions pas non plus la situation vécue par ceux qui ont fait le choix de devenir musulmans, les convertis. Elle ne repose pas sur les mêmes bases historiques et culturelles ! En plus de ces réalités démographiques, il y a aussi une diversité proprement religieuse : l’islam de France est traversé par une pluralité de courants et d’expressions religieuses. Tous les musulmans ne sont d’ailleurs pas nécessairement observants. Certains sont proches de la sensibilité mystique – du soufisme – qui défend une interprétation parfois allégorique du Coran, et est davantage centrée sur l’intériorisation du texte et de ses enseignements et l’élévation proprement spirituelle. D’autres ont des lectures plus rigoristes, traditionalistes, ou même littéralistes – le salafisme en est évidemment l’illustration la plus frappante. D’autres encore héritent de courants militants nés dans le sillage des chocs, des différents soubresauts de l’expansion coloniale au tournant des XIXe et des XXe siècles, puis de l’instauration de régimes religieux autoritaires dans le monde musulman – des courants marqués par une socialisation dans laquelle religion et politique sont mêlées. On ne peut non plus oublier, même s’il s’agit d’une toute petite minorité d’individus, ceux qui instrumentalisent la religion et exploitent le sentiment de relégation sociale et les frustrations ressenties par une partie des musulmans, pour justifier le recours à la violence. À ces différents clivages, il convient d’ajouter aussi les différences entre les générations et entre les genres, que l’on oublie trop souvent. Bref, l’hétérogénéité est d’avantage la norme que l’homogénéité : plus que « l’islam de France », il y a « les islams de France ».

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