Georges Perec philosophe : l’absence et l’ordinaire
Écrivain célébré pour son œuvre romanesque virtuose et conceptuelle, Georges Perec fut aussi, à sa manière, un penseur de son temps. Attentif au quotidien, aux espaces, à l’absence, le romancier fut philosophe sur un mode contrarié, éloigné des théories, mais sensiblement en leur cœur.
Écrivain majeur des années 1960-70, auteur de romans salués pour leur virtuosité et leur inventivité conceptuelle – La Vie mode d’emploi, Les Choses, Un homme qui dort, Espèces d’espaces, La Disparition, W ou le souvenir d’enfance, Je me souviens… –, Georges Perec (1936-1982) reste un romancier qui, sans jamais se répéter, n’a cessé de tirer plusieurs fils obsessionnels, liés aux fantômes absents de sa vie (un père tué à la guerre en 1940, une mère assassinée à Auschwitz en 1943). Déplacer les codes du roman lui-même, pour le faire imploser ; écrire pour vivre, tout simplement. « L’écriture est le souvenir de leur mort et l’affirmation de ma vie », disait-il, à la manière d’un manifeste existentiel indexé à l’élan de la littérature.
Comme l’analyse subtilement Claude Burgelin dans une biographie magistrale, son œuvre n’a jamais cessé de faire l’objet de commentaires et d’exégèses, notamment dans le champ de la psychanalyse, qu’il connaissait bien pour avoir mené une analyse avec Jean-Bertrand Pontalis. « Rarement (jamais ?) œuvre littéraire aura-t-elle été autant interrogée, commentée, discutée par des analystes de tous bords », observe Burgelin. Pontalis a raconté que Perec lui donnait du fil à retordre avec ses rêves en abondance, les contant avec aisance, dressant avec bonheur leur « architecture compliquée ».
Mais, au-delà des traumas de l’enfance, des hasards et de l’exil, de la part inconsciente de ses désirs, des silences, des jeux sophistiqués avec la langue, fascinant les psychanalystes, Perec a entretenu une certaine relation avec le monde de la pensée, la philosophie et la sociologie en particulier. La mémoire, le jeu, le quotidien, l’infra-ordinaire, la trace, l’espace, la clôture… : autant de motifs littéraires et réflexifs à la fois. Cette relation n’allait pourtant pas de soi ; elle s’ajusta chez lui à une certaine méfiance pour les énoncés trop théoriques. Peut-on déceler en Georges Pérec un philosophe caché, paradoxal, contrarié ?
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