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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Détail de l’illustration de couverture de “La Puissance des femmes”. © Philo Éditions

Une semaine avec les femmes philosophes

Gloria Evangelina Anzaldúa, la “nouvelle métisse”

Octave Larmagnac-Matheron publié le 19 novembre 2020 4 min

Effacées, oubliées, dédaignées, les femmes ont traversé l’histoire de la philosophie en clandestines. Que reste-t-il de leur pensée ? Des traces, des bribes, des témoignages indirects, voilà pour l’Antiquité. « La parole est l’affaire des hommes », dit Homère ! « Cause toujours », ont répondu les femmes, siècle après siècle contre vents et marées, bûchers et interdits, condescendance et domination. Et d’Hypatie d’Alexandrie à Olympe de Gouges, de Rosa Luxemburg à Simone Weil et Hannah Arendt, elles ont osé penser aussi bien les questions universelles que leur propre condition, jusqu’à l’émergence des nouveaux féminismes contemporains.

C’est pour rendre hommage aux combats de ces femmes philosophes que Philosophie magazine Éditeur publie La Puissance des femmes. Une autre histoire de la philosophie (disponible depuis le 12 novembre). Une galerie, une anthologie, une fresque qui raconte autrement la grande histoire de la pensée. Chaque jour de cette semaine, nous publions un portrait extrait de cet ouvrage. Aujourd’hui : Gloria Evangelina Anzaldúa, philosophe protéiforme, figure de proue des mouvements queers, féministes, chicanos et décoloniaux, qui s’est efforcée de penser le métissage des identités.

 

© Philo Éditions

Commander La Puissance des femmes sur notre boutique.

 

  • Écrivaine, poétesse, philosophe, lesbienne militante, féministe queer, représentante du mouvement chicano lancé par les Mexicains installés aux États-Unis pour protester contre leur marginalisation : toute sa vie, Gloria Evangelina Anzaldúa a cultivé ces multiples visages. Née au Texas durant la Seconde Guerre mondiale, elle subit très jeune les discriminations et le racisme – y compris intériorisé par sa famille – en tant que descendante d’immigrés latinos, mais parvient néanmoins à suivre un cursus poussé, à la Pan American University et à l’université du Texas (Austin).
  • Après son installation en Californie, elle commence à se faire connaître par plusieurs ouvrages marquants qu’elle dirige ou co-dirige, et qui interrogent le combat des femmes « de couleur » et préfigurent les réflexions sur l’intersectionnalité : This Bridge Called My Back (« Ce pont appelé mon dos », 1981), Making Face, Making Soul/Haciendo Caras (« Faire face, faire âme/faire visage », 1990), ou encore This Bridge We Call Home: Radical Visions for Transformation (« Ce pont que nous appelons foyer : visions radicales pour une transformation », 2002). Elle est également l’auteure de Borderlands/La Frontera: The New Mestiza (« Frontières : la nouvelle métisse », 1987).
  • Ses textes, qui entremêlent, en forme de « terrorisme linguistique », l’anglais, l’espagnol et le nahuatl, la langue des aztèques, en un unique langage, questionnent de manière récurrente la multiplicité et les contradictions de nos identités, la notion de frontière, et formulent une théorie du métissage comme manière de dépasser l’opposition binaire occidentale du « soit l’un-soit l’autre ». « À un certain point, sur notre chemin vers une nouvelle conscience, […] la division entre les deux combattants à mort s’est en quelque sorte guérie, de sorte que nous nous trouvons sur les deux rivages à la fois, et que nous voyons à la fois à travers les yeux du serpent et les yeux de l’aigle », affirme-t-elle, sur un mode poétique, dans « La Conciencia de la Mestiza ».
  • Anzaldúa appelle de ses vœux la venue d’une « nouvelle métisse » (new mestiza) fière de son identité et de son héritage complexe. Elle utilise d’ailleurs le terme nahuatl de patlache (lesbienne), afin d’accentuer encore le tressage complexe de sa propre identité. Elle propose aussi le terme de « nepantlisme », du nahuatl nepantla « au milieu », pour évoquer les « êtres du seuil [qui] se meuvent parmi de multiples mondes souvent en conflits, et refusent de s’aligner seulement sur un seul ». L’image du pont, fréquemment mobilisée dans son oeuvre, lui permet de penser ce forme de vie « au milieu » : « Les ponts […] sont des lieux de passage, des conduits, et des connecteurs qui connotent la transition, la traversée des frontières et les perspectives changeantes. Les ponts sont des espaces liminaires, des seuils entre les mondes. […] Des transformations surviennent dans cet entre-deux, un espace instable, imprévisible, précaire, toujours en transition, sans limites clairement définies. »
  • Dans un entretien (comme dans de nombreux autres textes), elle déplore que la société américaine préfère la frontière aux ponts : « Vivant dans une société multiculturelle, nous traversons les mondes des autres sans arrêt. Nous vivons dans les poches des autres, nous occupons les territoires des autres, nous vivons en contact étroit et en intimité les uns les autres. […] Nous nous trouvons tous dans la situation d'être simultanément dedans/dehors. […] Ce pays ne veut pas reconnaître ses murs ou ses limites, les lieux où les gens sont arrêtés ou s’arrêtent d’eux-mêmes, les lignes qu’ils ne sont pas autorisés à dépasser. [Pourtant] l’avenir appartient à celles et ceux qui cultivent des sensibilités culturelles aux différences et qui emploient ces aptitudes à forger une conscience hybride qui transcende la mentalité du “nous” contre “eux”. »
  • Ses derniers travaux s’efforcent de montrer les points de jonction entre le militantisme politique, queer, féministe, chicano, et les spiritualités traditionnelles, imprégnées de l’héritage lointain des peuples précolombiens, qui ont baigné son enfance. Sa grand-mère, en effet, était une curandera, une guérisseuse. À la croisée de différents courants, l’œuvre d’Anzaldúa est ainsi devenue, aussi, une référence essentielle pour la pensée décoloniale.

 

La Puissance des femmes. Une autre histoire de la philosophie, dirigé par Octave Larmagnac-Matheron et Sven Ortoli, est disponible sur notre boutique en ligne.

Les combats de Gloria Anzaldúa, dans le texte
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