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Couverture de la première édition du livre “Borderlands/La Frontera” (1987). © Aunt Lute Books

L’extrait

Gloria Evangelina Anzaldúa, “La conscience de la Mestiza”

Gloria Evangelina Anzaldúa publié le 19 novembre 2020 2 min

Contre l’hégémonie de la pensée occidentale qui, tantôt, voudrait fondre la diversité des identités dans le melting-pot universel, et tantôt construit des murs indépassables entre les cultures, Gloria Evangelina Anzaldúa propose une vision des appartenances qu’elle veut ouverte. Pour elle, c’est en apprenant les histoires multiples de leurs compagnons d’oppression que les « autres victimes de la domination blanche » peuvent apprendre à lutter en commun…

 

« Ils aimeraient penser que je me suis fondue dans leur melting-pot. Mais je ne l’ai pas fait, nous ne l’avons pas fait. La culture dominante blanche nous tue lentement avec son ignorance. En nous ôtant notre auto-détermination, elle nous a affaiblis et vidés. En tant que peuple, nous avons résisté et nous nous sommes campé sur des positions de survie, mais nous n’avons jamais été autorisé à nous développer sans obstacle – nous n’avons jamais été autorisé à être pleinement nous-mêmes. Les Blancs au pouvoir veulent que nous, gens de couleur, nous nous barricadions séparément derrière nos différents murs tribaux, de manière à pouvoir nous tuer un par un avec leurs armes cachées ; pour pouvoir blanchir et distordre l’histoire. L’ignorance divise les gens, crée des préjugés. Un peuple mal informé est un peuple subjugué.

Avant que le Chicano, le travailleur sans-papiers et le Mexicain de l’autre côté puissent se rassembler, avant que le Chicano puisse s’unir avec les Native Americans et d’autres groupes, il nous faut connaître l’histoire de leur lutte, et qu’ils et elles connaissent la nôtre. Nos mères, nos sœurs et nos frères, les types qui traînent aux coins des rues, les enfants dans les parcs à jeux : toutes et tous, nous devrions connaître notre lignage indien, notre afro-mestizaje, notre histoire de résistance.

Nous devons enseigner notre histoire à l’immigré mexicano et à celles et ceux qui viennent d’arriver. Les quatre-vingt millions de Mexicanos et les Latinos d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud doivent connaître nos luttes. Chacun d’entre nous doit connaître les faits fondamentaux concernant le Nicaragua, le Chili et le reste de l’Amérique latine. Le mouvement Latino (Chicanas et Chicanos, Portoricains, Cubains et autres peuples hispanophones qui travaillons ensemble pour combattre la discrimination raciale sur le marché), c’est bien, mais c’est insuffisant. Sauf une culture commune, rien ne nous tient ensemble. Nous devons nous rencontrer sur une base commune plus large.

La lutte est intérieure : Chicano, Indio, Indien de l’Amérique, mojado [litt. “humide” : terme insultant repris, par retournement du stigmate, pour désigner les “wetbacks”, ces immigrants latino-américains entrés aux États-Unis en traversant la frontière naturelle que constitue le fleuve Rio Grande], Mexicano, Latino immigré, Anglo au pouvoir, Anglo prolétaire, Noir, Asiatique – nos psychés ressemblent aux villes de la frontière et sont peuplées des mêmes personnes. La lutte a toujours été à l’intérieur et elle est jouée sur des terrains extérieurs. La prise de conscience de notre situation doit avoir lieu avant les changements intérieurs, qui à leur tour précèdent les changements dans la société. Rien n’advient dans le monde “réel”, qui ne s’est produit avant sous forme d’images mentales. »

 

Extrait de Gloria Evangelina Anzaldúa, « La conscience de la Mestiza. Vers une nouvelle conscience », in : Borderlands/La Frontera : The New Mestiza (Aunt Lute Books, 1987). Traduit par Paola Bacchetta et Jules Falquet dans Les Cahiers du CEDREF n°18, « Théories féministes et queers décoloniales. Interventions Chicanas et Latinas états-uniennes », 2011.

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