Hors-série "Le sommeil"

Je dors donc je suis ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 4 min

Où est ma conscience quand je ferme les yeux ? Est-ce que j'existe encore quand je dors ? À moins que ma pensée soit sans conscience ? Trois philosophes se disputent.

Descartes : l’âme pense toujours

Où suis-je quand je dors ? La question prend un tour un peu inquiétant à l’aube de la philosophie moderne. Si, comme l’affirme Descartes, « je pense donc je suis », cela signifie-t-il que je disparais, que mon existence est anéantie dans le sommeil ? D’abord, une partie du sommeil est encore faite de cette forme de pensées : les rêves, qui constituent encore pour Descartes des actes de l’esprit où s’atteste ma propre existence. Toute notre vie pourrait bien, d’ailleurs, ne consister qu’en des rêves, elle n’en serait pas moins réelle, comme le remarque le philosophe dans ses Méditations métaphysiques (1641) : « Combien de fois m’est-il arrivé de songer, la nuit, que j’étais en ce lieu, que j’étais habillé, que j’étais auprès du feu, quoique je fusse tout nu dedans mon lit ? Il me semble bien à présent que ce n’est point avec des yeux endormis que je regarde ce papier ; que cette tête que je remue n’est point assoupie ; que c’est avec dessein et de propos délibéré que j’étends cette main, et que je la sens : ce qui arrive dans le sommeil ne semble point si clair ni si distinct que tout ceci. Mais, en y pensant soigneusement, je me ressouviens d’avoir été souvent trompé, lorsque je dormais, par de semblables illusions. » Il n’en demeure pas moins que je pense, quoique d’une manière différente.

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Joie d’aimer, joie de vivre
À quoi bon l'amour, quand la bonne santé, la réussite professionnelle, et les plaisirs solitaires suffiraient à nous offrir une vie somme toute pas trop nulle ? Depuis le temps que nous foulons cette Terre, ne devrions nous pas mettre nos tendres inclinations au placard ?
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
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