Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Jeremy Rifkin en 2016 (cc) Wikimedia Commons / World Travel & Tourism Council

Monde

Jeremy Rifkin : “la dégradation du monde a engendré une connexion empathique de plus en plus profonde”

Nicolas Gastineau publié le 28 novembre 2019 6 min

Être capable de se projeter dans les émotions des autres n’est pas seulement une capacité fondamentale que nous partageons avec tous les mammifères. C’est une compétence qui varie en fonction des époques, dont l’évolution permet de reconstituer la grande histoire de l’humanité, depuis Sapiens jusqu’à la révolution numérique. Elle doit permettre aujourd’hui de surmonter la crise écologique: telle est la thèse percutante que défend l’économiste Jeremy Rifkin, en regard de notre dossier sur l’empathie.

Lire notre dossier sur l’empathie : Peut-on se mettre à la place des autres ? ☛ 

Comment définissez-vous l’empathie ? 

Jeremy Rifkin : L’empathie est une propriété naturelle de l’évolution de certaines espèces animales. Tous les mammifères, du fait qu’ils doivent s’occuper de leur progéniture, ressentent une forme d’empathie. Elle permet de ressentir, comme si c’était la nôtre, la joie, la douleur ou la souffrance d’autrui. Placez un bébé en pleurs dans une crèche, tous les bébés se mettront à pleurer.

 

Quelle rôle joue-t-elle dans le développement de l’être humain ?

Prenez l’exemple de la crèche que je viens de vous donner. Il s’agit bien d’une réaction empathique – les bébés ne savent pas pourquoi ils pleurent, mais ils réagissent à la tristesse de leurs congénères. L’évolution de l’empathie correspond en fait à l’évolution de la conscience de soi. Vers 2 ans, l’enfant devient capable de s’identifier dans le miroir : il comprend qu’il est un être unique et distinct des autres. Cette différentiation se complète par la découverte de la natalité et de la mortalité, entre 6 et 7 ans. À ce moment-là, l’expérience empathique prend un sens plus subtil : quand l’enfant fait l’expérience de la joie ou de la souffrance d’un autre, il comprend qu’il s’agit d’une entité distincte. Réalisant la fragilité et la précarité de sa propre existence, l’enfant ressent aussi celle de l’autre. Dans le partage d’expériences douloureuses, l’empathie devient une solidarité avec le désir d’exister de l’autre. C’est pour moi la plus belle expression de l’élan de la vie.

 

« Dans le partage d’expériences douloureuses, l’empathie devient une solidarité avec le désir d’exister de l’autre »

Vous vous appuyez sur les travaux du psychiatre et psychanalyste John Bowlby [1907-1990] pour remettre en question la vision individualiste du sujet, héritée de la tradition libérale de Locke et Bentham. Que nous apprennent ces travaux ? 

Dans le monde anglo-saxon, nous avons hérités d’une conception individualiste de la personne. John Locke voyait l’homme à sa naissance comme une tabula rasa, une feuille vierge, individuelle et solitaire sur laquelle l’expérience du monde venait peu à peu s’imprimer. Adam Smith le pensait comme un être principalement intéressé par lui-même. Et Jeremy Bentham, le fondateur de l’utilitarisme, le concevait comme un être qui cherche à maximiser son plaisir. Toute cette tradition comprend le sujet comme un agent autonome isolé, une sorte d’ile dans le monde. Or, c’est une vision qui est amplement contredite par les travaux des psychologues et des spécialistes de l’enfance comme John Bowlby. Ce psychanalyste anglais travaillait dans un hôpital accueillant des enfants abandonnés. Il avait constaté que, dans le souci de respecter l’indépendance des enfants, on veillait à ne pas leur manifester d’affection. Ils étaient donc séparés les uns des autres et même nourris via des tubes. Ces pratiques conduisaient à une augmentation considérable des taux de mortalité, tandis que les « survivants » manifestaient des comportements violents et dangereux. Bowlby appela donc à renouer le contact physique et affectif avec les enfants. La mortalité chuta très rapidement. Un enfant est né pour appartenir à une communauté. Quand on regarde un bébé, il nous regarde en retour : son premier instinct est de rechercher l’appartenance au groupe. Un collègue de Bowlby remarqua d’ailleurs que plus l’échange empathique entre un parent et son enfant est fort, plus ce dernier sera à même d’explorer le monde et d’y prendre des risques. À l’inverse, un enfant isolé sera incapable d’évoluer sereinement dans le monde extérieur. 

Expresso : les parcours interactifs
En finir avec le mythe romantique
Cendrillon a 20 ans, elle est « la plus jolie des enfants ». Mais pas pour longtemps. Beauvoir déconstruit les mythes romantiques et les contes de fée qui peuplent encore aujourd'hui l'imaginaire collectif.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
3 min
Paul Bloom : “Les racistes sont en général des gens très empathiques”
Alexandre Lacroix 27 novembre 2019

Le psychologue américain Paul Bloom livre ici cinq arguments choc à l’appui de sa thèse développée dans un essai polémique et inédit en France, Contre l’empathie.


Article
6 min
Frédéric Worms : “Nous sommes des animaux empathiques”
Frédéric Worms 20 janvier 2016

Pour le philosophe Frédéric Worms, nous n’accédons à la vie morale qu’à travers nos relations concrètes. Mais, selon lui, l’empathie, cette capacité à se mettre à la place des autres, n’est pas seulement naturelle, elle est le fruit d…


Dialogue
15 min
Cécile de France, Charles Stépanoff. Chamanes, les chasseurs d’invisible
Martin Legros 22 octobre 2019

Tiré d’une histoire vraie, le film Un Monde plus grand (en salles le 30 octobre) voit Cécile de France interpréter une jeune Française qui s…

Cécile de France, Charles Stépanoff. Chamanes, les chasseurs d’invisible

Article
3 min
“Le niveau du débat politique peut-il justifier un désintérêt pour la vie démocratique ?”
30 mai 2017

Question de Jérémy Suhamy


Article
9 min
Les grands dilemmes de l’utilitarisme
Michel Eltchaninoff 29 avril 2021

Plaisir ou bonheur ? Bien-être individuel ou collectif ? Peut-on concilier préoccupations éthiques et recherche du profit ? Depuis Jeremy Bentham,…

Les grands dilemmes de l’utilitarisme

Article
3 min
La machine infernale : extrait de l’œuvre de Michel Foucault commentée
Victorine de Oliveira 14 février 2024

Dans Surveiller et Punir, Foucault consacre de longues pages à un dispositif inventé au XVIIIe siècle par le philosophe utilitariste britannique Jeremy Bentham, le panoptique. Il en fait le modèle des mécanismes modernes de…


Article
8 min
Slavoj Žižek. Quand nos cerveaux seront connectés
Slavoj Žižek 02 juillet 2019

La télépathie, un fantasme de science-fiction ? Non, une réalité si l’on en croit les dernières expériences sur la connexion cerveau-machine menées notamment par la société Neuralink d’Elon Musk. Mais au prix de dangereuses confusions…


Article
3 min
Beatboxing. Beaucoup de bruit pour rien ?
21 août 2014

En reproduisant avec leur bouche tous les sons d’une boîte à rythmes, ces virtuoses très populaires sur Internet ne signent-ils pas une…

Beatboxing. Beaucoup de bruit pour rien ?

À Lire aussi
Les drones autonomes sont-ils plus éthiques que les humains ?
Les drones autonomes sont-ils plus éthiques que les humains ?
Par Octave Larmagnac-Matheron
juin 2021
Virginie Maris : “Les éoliennes sont le symptôme d’un mal profond”
Virginie Maris : “Les éoliennes sont le symptôme d’un mal profond”
Par Margot Monteils
juin 2021
Quatre raisons philosophiques de (re)voir “Le Parrain”
Quatre raisons philosophiques de (re)voir “Le Parrain”
Par Jean-Marie Pottier
février 2022
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Jeremy Rifkin : “la dégradation du monde a engendré une connexion empathique de plus en plus profonde”
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse