Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

(cc) Unsplash / Angelina Litvin

Société / Éducation

Jour de rentrée : quelles réformes pour l’éducation ?

Cédric Enjalbert publié le 01 septembre 2016 5 min
Plus de 12 millions d’élèves et 861 000 enseignants reprennent aujourd’hui le chemin de l’école. Tour d’horizon des réformes prévues en primaire et au collège, et contrepoint des philosophes spécialistes de l’éducation.

Rythmes scolaires, programmes, notation… La rentrée scolaire des élèves et des enseignants du primaire et du secondaire se déroule sur fond de réforme.

 

Programme des programmes

Les programmes ne sont plus annuels, ils sont désormais étalés sur des cycles de trois ans. Ainsi, un élève qui n'a pas acquis un savoir pourra l'approfondir les années suivantes. Un « programme des programmes » définit l’ensemble des savoirs que l’élève doit avoir acquis à 16 ans, constituant un « socle commun de connaissances, de compétences et de culture ». Cinq modules le composent, dont : « langages pour penser et communiquer», « méthodes et outils pour apprendre », concernant notamment l’usage des outils numériques, ou « la formation de la personne et du citoyen », portant sur les valeurs fondamentales et les principes de la Constitution. Un premier pas vers ce que Normand Baillargeon, ex-enseignant la philosophie de l’éducation à l’Université du Québec, à Montréal, désigne comme une « éducation par l’acquisition de savoir généraux ». Il distingue la scolarisation qui « n’est que l’un des moyens possibles de l’éducation », et montre combien cette dernière est indispensable à ce que John Dewey appelle la « conversation démocratique ».

La réforme prévoit également l'enseignement d’une deuxième langue vivante dès la cinquième. Elle supprime une partie des classes bilingues, ainsi que les options latin et grec, remplacées par des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) de « langues et culture de l’Antiquité » et d’un « enseignement de complément ». Ce point compte parmi les plus contestés de la réforme du collège. Depuis des mois, deux camps s’opposent : les uns fustigent un enseignement qui s’apparente à un outil de ségrégation sociale ; d’autres considèrent au contraire le latin comme un outil syntaxique, lexical et conceptuel indispensable à la formation de l’esprit de l’honnête homme. Comme le rappellent Cécilia Suzzoni et Hubert Aupetit, auteurs de Sans le latin... (Fayard, 2012): « Penser juste, c’est parler juste. »

 

Rythmes scolaires

L’emploi du temps de chaque collégien sera désormais plafonné à 26 heures de cours par semaine. Enfin, les élèves de sixième bénéficieront de trois heures d'accompagnement personnalisé (AP) par semaine. Ensuite, de la cinquième à la troisième, cet accompagnement sera réduit à une heure. Ces heures seront intégrées aux heures de cours et ne s'y ajouteront pas.

La question des rythmes scolaires ne cesse de revenir sur le tapis de l’éducation, notamment depuis l’instauration de la semaine de quatre jours et demie, en 2013. Pourtant, pour le psychologue clinicien, linguiste, et professeur à l’université de Rennes Jean-Claude Quentel, « la question des rythmes scolaires est ainsi doublement mal posée : à partir de la terminologie employée, elle opère d’abord une réduction naturaliste fallacieuse, accordant une importance excessive au biologique, là où devraient être mis au premier plan les aspects sociaux et psychologiques du problème. […] La question se concentre, en outre, sur les “besoins” supposés d’un enfant, alors qu’on débat en réalité de l’aménagement du temps dans la société et de la fonction des parents et des éducateurs. Ces débats concernent l’organisation des adultes plutôt que le bien-être des enfants. »

 

Évaluation

Si les enseignants pourront toujours évaluer avec des notes chiffrées, les expériences d’évaluation par compétences se poursuivront au collège. Un bilan par compétences sera établi à chaque fin de cycle, en CE2, 6e et 3e. Quatre niveaux de maîtrise sont envisagés : insuffisant, fragile, satisfaisant, très bon.

Le caractère décourageant de notre système de notation est régulièrement épinglé par nos pédagogues. Toutes les statistiques internationales semblent souligner que les élèves français ont tendance à être inhibés ou obsédés par la notation et le classement dès le primaire. Des alternatives existent. Plutôt que de renoncer à la notation sous sa forme classique chiffrée est-il possible d’en limiter les effets secondaires négatifs ? C’est la question posée par Philosophie magazine dans l’article « Comment en finir avec la peur d’être noté ? ». Trois pistes : supprimer le caractère public de la note ; ne pas intégrer toutes les notes dans la moyenne finale ; intégrer l’idée qu’en notant la classe les enseignants s’évaluent eux-mêmes.

 

Plan pour le numérique

Les élèves de cinquième d’un quart des collèges disposeront d’une tablette ou d’un ordinateur portable, avec l’objectif que tous les collégiens soient équipés d’ici à trois ans. Et un nouveau livret scolaire unique numérique sera accessible en ligne du CP à la 3e, mais le livret papier demeure.

Doit-on s’inquiétait de cette tentation du « tout numérique », dès la primaire ? Dans un dialogue, Bernard Stiegler, soucieux de notre capacité à « socialiser » la technique, et Michel Serres, plus confiant, s’opposent. L’auteur de Petite Poucette notait ainsi que « la classe elle-même, loin de disparaître, est en train de se brancher sur le réseau et de se restructurer sur un modèle ouvert et participatif. Avant, elle était formatée par le modèle de la page du livre : le professeur était devant sa classe en position d’auteur, de celui qui sait et qui transmet à ceux qui ne savent pas. Aujourd’hui, ce modèle éclate. Tous les enseignants en font l’expérience : lorsqu’ils rentrent dans une classe ou un amphi et qu’ils annoncent qu’ils vont faire cours sur les cacahuètes, la probabilité pour que la moitié de l’amphithéâtre tape le mot “cacahuète” sur les moteurs de recherche est forte. Le rapport enseignant-enseigné se modifie complètement dès lors que la moitié de la classe a déjà eu un certain rapport avec ce savoir-là. C’est ce que j’appelle le renversement de la présomption de compétence. On passe de la présomption d’incompétence à la présomption de compétence à peu près dans tous les métiers. »

 

Simplifier, encourager, valoriser

Cet ensemble de réformes participera-t-il à faire bouger les lignes de l’Éducation nationale, vers une révolution dans l’ordre des apprentissages ? Rien n’est moins sûr. Or, comme l’expliquait le philosophe Yves Michaud, auteur notamment de Face à la classe (avec Sébastien Clerc, Gallimard, Folio Actuel, 2010), « le but ultime de l’éducation se résume dans cette formule de Wittgenstein : “J’ai compris, je peux continuer.” […] Ce n’est pas pour rien si les philosophes qui ont réfléchi à l’éducation, de Rousseau à Auguste Comte, insistent sur l’ordre des apprentissages : quels sont les savoirs fondamentaux, et dans quel ordre les apprendre, pour pouvoir ensuite continuer par soi-même ? Or l’école de masse a engendré une bureaucratisation des savoirs qui dissout cette idée d’une organisation des savoirs. D’où l’obsession des programmes, des notes, des diplômes, dont beaucoup sont d’une utilité contestable. La plupart des parents y croient, ou font semblant d’y croire ; ils se focalisent davantage sur les notes et les diplômes (ah ! saint Baccalauréat, dont je demande qu’il soit donné à la naissance, avec la nationalité !) que sur l’apprentissage. Ils ne se demandent pas si l’enfant est capable de raisonner, mais s’il a la moyenne. Ils portent à l’éducation un intérêt à la fois pointilleux et formel. Mais, la situation n’est pas désespérée. Trois pistes sont à suivre : simplifier, encourager l’engagement personnel, valoriser l’apprentissage concret. » Français, encore un effort…

À lire aussi...
•       Le dossier : « Qu'est qu'une bonne éducation? »
•       Le dossier : « Pourquoi nous n'apprendrons plus comme avant »
•       Le dialogue entre Michel Serres et Bernard Stiegler: « Moteurs de recherche »
•       Le point de vue de Marie-Claude Blais: « École, le rôle de l’autorité »
•       Le dialogue entre François Bégaudeau et Luc Ferry: « Le pédagogue et l’idéaliste »
•       « Pourquoi nous n'étudions plus comme avant ? », par Raffaele Simone
•       L'analyse de la réforme du rythme scolaire par le pédagogue Jean-Claude Quentel: « L’enfant n’analyse pas le temps par lui-même »
•       L'enquête « L'école, une entreprise comme les autres ? »
•       L'analyse de la réforme de l'évalutation « Comment en finir avec la peur d’être noté?»
•       L'analyse « Qui veut travestir les études sur le genre? »

 

Expresso : les parcours interactifs
Épicure et le bonheur
Pourquoi avons-nous tant de mal à être heureux ? Parce que nous ne suivons pas le chemin adéquat pour atteindre le bonheur, nous explique Épicure, qui propose sa propre voie. 
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Dialogue
8 min
Yves Michaud et Bernard Stiegler. Face à l'actualité
Nicolas Truong 24 mai 2006

Télévision, journaux, radio, Internet : les moyens de s’informer et de réfléchir à l’état du monde ne manquent pas. Si Yves Michaud déplore la médiocrité du « JT » et s’affiche en sceptique, Bernard Stiegler est séduit par les échanges…


Dialogue
12 min
Michel Serres, Bernard Stiegler. Moteurs de recherche
Martin Legros 22 août 2012

L’un vient de signer un éloge de l’écolier de demain. L’autre a fondé une école expérimentale qui propose des usages alternatifs du Web. Michel…

Michel Serres, Bernard Stiegler. Moteurs de recherche

Article
10 min
Yves Michaud : “Nous vivons une atmosphère d’hédonisme mâtiné d’égoïsme sentimental”
Cédric Enjalbert 14 octobre 2021

L’Art, c’est bien fini : sous ce titre frappant, le philosophe Yves Michaud fait paraître un riche et passionnant essai sur « l’hyper…

Yves Michaud : “Nous vivons une atmosphère d’hédonisme mâtiné d’égoïsme sentimental”

Article
6 min
Yves Michaud : “De l’urgence de retrouver une politique du temps long”
Yves Michaud 08 septembre 2022

Les crises qui s’intensifient depuis quelques mois imposent de repenser différemment notre rapport au temps et à l’histoire. Dans cette tribune,…

Yves Michaud : “De l’urgence de retrouver une politique du temps long”

Dialogue
12 min
Yves Michaud-Elsa Dorlin : faut-il rendre les coups ?
Clara Degiovanni, Martin Legros, 15 février 2024

Elsa Dorlin milite pour une culture de l’autodéfense capable de redonner un sens de la dignité, quand Yves Michaud entend préserver l’idée qu’on…

Yves Michaud-Elsa Dorlin : faut-il rendre les coups ?

Article
5 min
Lettre de Jules Ferry aux instituteurs, 1883
Jules Ferry 19 octobre 2020

Nous reproduisons ci-dessous la lettre de Jules Ferry aux instituteurs, rédigée un an après le passage de la loi sur l’enseignement primaire…

Lettre de Jules Ferry aux instituteurs, 1883

Article
3 min
Rentrée scolaire: le chemin des réformes
01 septembre 2014

Près de 13 millions d'élèves reprennent demain le chemin de l'école, ce mardi 2 septembre 2014. La rentrée est également chargée pour la nouvelle…

Quel contenu donner à un cours de morale?

Article
7 min
La première dissertation connue de Michel Serres
06 juin 2021

La Fontaine et Michel Serres, c'est une longue histoire d'amitié intellectuelle. Sa vie durant, le philosophe a accumulé des notes consacrées au…

La première dissertation connue de Michel Serres

À Lire aussi
Normand Baillargeon : « Transmettre les savoirs généraux indispensables à la démocratie »
Normand Baillargeon : « Transmettre les savoirs généraux indispensables à la démocratie »
Par Martin Legros
août 2013
Hervé Le Bras : “Le FN recrute sur fond de crise du voisinage”
Bernard Stiegler : “Le Front national est un escamoteur”
Par Cédric Enjalbert
janvier 2014
Bernard Stiegler. « Nous ne faisons plus attention »
Par Philippe Nassif
août 2012
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Jour de rentrée : quelles réformes pour l’éducation ?
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse