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© Édouard Caupeil pour PM

Michel Serres, Bernard Stiegler. Moteurs de recherche

Michel Serres, Bernard Stiegler, propos recueillis par Martin Legros publié le 22 août 2012 12 min

L’un vient de signer un éloge de l’écolier de demain. L’autre a fondé une école expérimentale qui propose des usages alternatifs du Web. Michel Serres et Bernard Stiegler comptent parmi les plus fins penseurs de la nouvelle alliance entre technologies et pédagogie. Dialogue tout en nuances.

Les discours sur l’éducation sont souvent édifiants. L’auteur peut être moderne, postmoderne ou réac’, soucieux de mettre l’enfant ou le savoir au cœur de la transmission, tout se passe comme si, dès qu’il s’emparait du topos, il était pris au piège de la position de l’édificateur du genre humain, censé savoir ce qu’il faut ou ne faut pas transmettre aux élèves ignorants. Nos deux philosophes font heureusement exception à cette loi du genre. Ils ont réussi à faire le pas de côté nécessaire pour échapper à ce maléfice. Michel Serres, professeur à l’université de Stanford, en Californie, membre de l’Académie française, a longtemps joué le rôle de passeur entre sciences et lettres. Dans Le Tiers-instruit, publié en 1991 (Bourin-Julliard), il fondait tout apprentissage sur la capacité à se détacher de l’acquis pour s’ouvrir à de nouvelles compétences. Son dernier ouvrage, Petite Poucette (Le Pommier), a marqué les esprits. À partir d’un portrait tendre et saisissant de l’écolier de demain, il met en lumière le bouleversement que provoque l’accès généralisé aux savoirs et parie sur l’inventivité du nouveau sujet de demain. Face à lui, Bernard Stiegler, champion des nouvelles technologies, qui dirige l’Institut de recherche et d’innovation (IRI), vient de créer à Épineuil, dans le Cher, une nouvelle école philosophique, ouverte à tous, l’académie Pharmakon.fr, qui diffuse ses enseignements simultanément sur Internet. Dans ses deux derniers livres, États de choc. Bêtise et savoir au XXIe siècle (Mille et Une Nuits) et Faire attention. Vocabulaire d’Ars industrialis (Flammarion), il se donne pour tâche de « reconstruire les conditions d’une attention profonde ». Forts d’une ambition commune, armés de références similaires (de Socrate à Leroi-Gourhan), ils se sont retrouvés sous la coupole de l’Institut, à l’Académie française. Loin d’une énième dispute sur la crise de la transmission, leur dialogue donne le sentiment d’avancer.

Retrouvez le hors-série sur Michel Serres, réalisé en relation étroite avec lui ☛

Michel Serres : J’ai voulu décrire, à travers le personnage de Petite Poucette, un changement de civilisation. Elle n’est pas seulement l’héroïne des nouvelles technologies, elle est aussi celle qui n’a jamais vu veau, vache, cochon, couvées. Habitante d’un monde plein de 7 milliards d’habitants, elle a doublé son espérance de vie par rapport à ses grands-parents, ne fait l’expérience de la guerre qu’à l’extérieur, n’a plus le même rapport au corps, à la naissance, à la mort, etc. Les nouvelles technologies ne bouleversent pas seulement l’état du savoir, elles bouleversent le sujet du savoir. Ce dernier a changé avec l’invention de l’écriture, comme le relevait déjà Socrate. Il a changé avec l’invention de l’imprimerie. C’est ce qui faisait dire à Montaigne : « Je préfère une tête bien faite qu’une tête bien pleine. » Même changement au moment du passage au numérique : des études prouvent que l’on n’utilise pas les mêmes neurones en lisant un livre et devant un écran. Petite Poucette est donc ce nouveau sujet. L’idée m’en est venue dans le métro, en observant une jeune fille pianoter sur son téléphone avec une dextérité dont je me sens incapable. J’ai essayé de comprendre les possibilités nouvelles inscrites en elle. Avec l’extériorisation du savoir sur les ordinateurs, tout se passe comme si notre tête avait basculé dans les machines.

 

Bernard Stiegler : L’homme se réalise en s’extériorisant dans des techniques, et l’écriture en est une. Le numérique est une nouvelle forme d’écriture, de « grammatisation » au sens que lui donne le philosophe du langage Sylvain Auroux – la capacité à créer des listes d’éléments finis et à les recombiner. Mais toute nouvelle écriture pose la question de ses usages. C’est le sens du débat ouvert par Socrate contre les sophistes : Socrate dénonce la toxicité de l’écriture pour la Cité. Mais ce n’est pas l’écriture en soi qu’il remet en cause : il condamne une pratique non dialectique de l’écriture. Non vivons une situation tout à fait comparable.

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Article issu du magazine n°62 août 2012 Lire en ligne
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