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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Bernard Stiegler en 2012. © Manuel Braun pour PM

Hommage

À l’écoute de tous nos maux

Bernard Stiegler, propos recueillis par Alexandre Lacroix publié le 19 août 2020 3 min

Voici un florilège d’extraits d’interventions de Bernard Stiegler dans Philosophie magazine, qui donne un aperçu de sa réflexion sur l’expérience de la prison, la technique, le numérique, le mouvement des « gilets jaunes » ou le Covid-19.

Le phénomène de l’emprisonnement

« En prison, rien ne change jamais : hier est comme aujourd’hui qui sera comme demain. Cette immuabilité est proprement insupportable – sauf si vous opérez une conversion phénoménologique : ici, la conversion à la vertu carcérale. Vous constatez alors que, même quand il semble que rien ne se passe, il se passe encore quelque chose : par exemple, hier “ça n’allait pas” et aujourd’hui “ça va mieux” – ou l’inverse. Les philosophes ont donc raison : ce qui nous arrive vient de nous. Mais si vous n’assumez pas ce fait comme une discipline, cela peut rendre fou. Si, au contraire, vous vous imposez ce qu’Épictète nomme une mélétè [“pratique”], alors la prison devient une grande maîtresse. »

Philosophie magazine n° 63, octobre 2012

 

Les effets du numérique sur la pensée

« L’homme se réalise en s’extériorisant dans des techniques, et l’écriture en est une. Le numérique est une nouvelle forme d’écriture, de “grammatisation” au sens que lui donne le philosophe du langage Sylvain Auroux – la capacité à créer des listes d’éléments finis et à les recombiner. Mais toute nouvelle écriture pose la question de ses usages. C’est le sens du débat ouvert par Socrate contre les sophistes : Socrate dénonce la toxicité de l’écriture pour la Cité. Mais ce n’est pas l’écriture en soi qu’il remet en cause : il condamne une pratique non dialectique de l’écriture. Nous vivons une situation tout à fait comparable. […] Le cœur de la révolution numérique vient de l’automation. Au départ, elle est apparue dans le monde du travail ‘‘manuel’’ : les premières machines dupliquaient les gestes, on n’imaginait pas qu’elles puissent dupliquer des processus cognitifs ou des facultés intellectuelles. Or tel est bien le caractère d’un ordinateur : reproduire à l’aide d’algorithmes des opérations mentales. Le tout à la vitesse de la lumière, dans une quasi-instantanéité. […] Ce qui change par rapport à l’écriture au sens classique, celle sur laquelle réfléchissaient Socrate et Luther, c’est cette automatisation dont le processus est vécu comme une immense perte. On pouvait déjà se dire avec Socrate : “Attention ! si vous confiez votre mémoire aux livres, vous la perdrez !” Aujourd’hui, c’est notre pensée que l’on risque de perdre ! C’est l’expérience que décrit Nicholas Carr, l’auteur de Internet rend-il bête ? [Robert Laffont, 2011] : il a eu le sentiment que son cerveau se vidait. » 

Dialogue avec Michel Serres, Philosophie magazine n° 62, septembre 2012

 

Les « gilets jaunes » et la crise du capitalisme contemporain

« Lorsqu’on écoute les “gilets jaunes”, on entend les voix de gens un peu perdus vivant souvent dans des conditions insupportables et qui ont le mérite d’exprimer et de conscientiser les limites et les immenses contradictions de la société contemporaine. Face à quoi le gouvernement d’Emmanuel Macron paraît être incapable de prendre la mesure des problèmes soulevés. Je crains que les mesures annoncées par le président le 11 décembre [2018] ne résolvent rien et installent le mouvement dans la longue durée, précisément en ce qu’il exprime – au moins symptomatiquement – la prise de conscience collective de la crise contemporaine. L’horizon politique dans toute l’Europe n’est en rien réjouissant : les extrêmes droites vont probablement tirer le bénéfice électoral de ces colères. […] Pour moi qui suis un “homme de gauche”, la question importante est de savoir ce que serait une grande politique industrielle de gauche relevant les défis de l’Anthropocène et de l’automatisation – c’est-à-dire aussi face à l’“intelligence artificielle”. Affronter cette question suppose de surmonter l’impensé de la critique marxienne, à savoir : l’entropie. Tous les systèmes complexes, tant au niveau biologique qu’au niveau social, sont voués à une déperdition de différentiel – d’énergie, de biodiversité, d’interprétation de l’information – qui mène au chaos entropique. Le concept de néguentropie, qui fut avancé à partir des travaux d’Erwin Schrödinger, désigne la capacité du vivant à différer la déperdition d’énergie en se différenciant organiquement, créant des îlots et des niches installant localement de la “différance” (comme disait Derrida) par laquelle de l’avenir s’inscrit comme bifurcation dans le devenir entropique où tout indiffère.

Le point fondamental est ici que, tandis que l’entropie s’observe au niveau macroscopique, la néguentropie ne s’instaure que localement par des conversions d’énergie. […] C’est en ce sens qu’avec Patrick Braouezec – président de l’Établissement public territorial Plaine Commune [jusqu’au 16 juillet 2020] –, l’Institut de recherche et d’innovation et Ars Industrialis mènent une expérimentation en Seine-Saint-Denis sur ce territoire de 430 000 habitants, où nous expérimentons la mise en place d’une économie contributive territoriale. »

Philosophie magazine n° 126, février 2019

Expresso : les parcours interactifs
Comment résister à la paraphrase ?
« Éviter la paraphrase » : combien de fois avez-vous lu ou entendu cette phrase en cours de philo ? Sauf que ça ne s’improvise pas : encore faut-il apprendre à la reconnaître, à comprendre pourquoi elle apparaît et comment y résister ! 
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