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Photo d’illustration : le compte Facebook du ministère de la Défense ukrainien. © Pavlo Gonchar/SOPA Images/Sipa

Entretien

François-Bernard Huyghe : “Les cyberattaques existent, mais leur ampleur reste limitée”

François-Bernard Huyghe, propos recueillis par Octave Larmagnac-Matheron publié le 03 mars 2022 7 min

La guerre en Ukraine a été précédée d’attaques numériques de la Russie contre certaines banques et institutions, qui ont continué après le début de l’offensive sur le terrain. Quels sont les ressorts de cette guerre cyber ? Explications avec le politologue François-Bernard Huyghe.

 

Dans quelle mesure la guerre en Ukraine est-elle aussi une cyberguerre ?

François-Bernard Huyghe : Le terme de « cyberguerre » a été lancé par deux chercheurs de la Rand, John Arquilla et David Ronfeldt, en 1993. Le mot n’est pas nouveau, mais la chose ne s’est toujours pas produite à proprement parler. L’expression me paraît plus le reflet d’un fantasme. Je suis un clausewitzien orthodoxe. À mes yeux, la guerre suppose deux éléments. Premièrement : elle tue des gens de manière organisée. C’est une violence publique qui cause des morts. Deuxièmement : la guerre, avec sa dépense de sang, est destinée à faire céder une volonté politique – à renverser un gouvernement, à s’emparer d’une province, etc. Nous faisons la guerre en vue d’une certaine paix ; un rapport politique durable. Selon ces deux critères, l’idée de cyberguerre est contestable. Les attaques cyber, jusqu’à présent, n’ont tué personne. Même si l’on cite le cas d’un logiciel qui a provoqué une panne dans un hôpital, et la mort accidentelle d’un patient. C’est le seul exemple en trente ans. Le cyber ne tue pas en soi. Pour la capacité à faire céder une volonté politique, les Américains ont beaucoup fantasmé à ce sujet. Sous Bush et Obama, on attendait un « Pearl Harbour informatique » qui paralyserait totalement le pays, des aéroports au système bancaire en passant par les institutions… et qui ne s’est jamais produit. Actuellement, les attaques cyber ne sont pas de nature à obliger à signer un cessez-le feu ou un traité de paix sous la contrainte. Mais elles existent, et se développent, comme accompagnement – sans les remplacer – des opérations militaires. Notamment en Ukraine.

“Actuellement, les attaques cyber ne sont pas de nature à obliger à signer un cessez-le feu ou un traité de paix sous la contrainte” François-Bernard Huyghe

 

Autre différence avec les opérations de guerre, les cyberattaques sont anonymes…

Effectivement, le principe des attaques cyber, c’est de se dérouler en secret, sans que l’on puisse immédiatement leur assigner un auteur identifiable. Les pirates agissent dans l’anonymat, à distance. L’attribution n’est jamais simple car n’y a pas de front, contrairement à la guerre. L’ennemi n’est pas face à vous. Il peut brouiller les pistes, en intégrant par exemple, des caractères cyrilliques ou des idéogrammes chinois dans l’algorithme d’attaque : un « faux drapeau ». Accessoirement l’attaque peut venir de n’importe où dans le monde. L’ennemi n’est pas forcément un État. Il peut s’agir de particuliers plus ou moins militants – c’est le cas, notamment, des « membres » du mouvement Anonymous, qui ont récemment annoncé venir au secours de l’Ukraine. Anonymous n’est pas une organisation dotée de statuts officiels. Il n’y a pas de cotisations ou de carte de membre ! Bref, c’est une science à part entière que d’identifier le coupable d’une cyberattaque. De nombreuses opérations récentes contre l’Ukraine ont été attribuées à la Russie, mais cela signifie essentiellement que le fil de l’attaque est remonté jusqu’à une adresse IP russe, sans qu’on puisse déterminer dans quelle mesure elle est liée à l’armée, à un groupe privé plus ou moins mercenaire, à des hackers motivés idéologiquement, tolérés par le gouvernement… Et bien sûr, il y a le « qui » : qui a les capacités, et qui y a intérêt ?

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