Khaldoun Alnabwani : « Le pays risque de tomber dans une lutte métaphysique »

Khaldoun Alnabwani, propos recueillis par Frédéric Joly publié le 3 min

Pour Khaldoun Alnabwani, influencé notamment par Habermas, l’avenir du pays passe par un contrat social refondé. Malgré ses réticences, il n’imagine pas que cela soit possible sans prendre en compte le poids de l’islam.

 

Comment un philosophe devient membre du Conseil national syrien ?

Quand j’ai fait mes études, à l’université de Damas, dans les années 1990, le département de philosophie représentait un univers de liberté critique. Mais il était très contrôlé par le pouvoir. L’un de mes maîtres, Sadik al-Azm [lire son interview ci-dessus], a même fini par être renvoyé. Nos professeurs étaient marxistes. Moi, je cherchais autre chose, et j’ai découvert la pensée postmarxiste, ainsi que celle de Jacques Derrida. J’ai décidé de poursuivre mes recherches, librement, en France. Mais je ne m’occupais alors que d’idées pures. Quand la révolution syrienne a débuté, en mars 2011, j’ai beaucoup hésité à m’engager. Je sais, d’ailleurs, que ma famille, restée à Damas, subit des pressions à cause de mes articles contre le régime. Pourtant, c’est plus fort que moi. Je ne peux pas rester inactif tandis qu’on massacre mon peuple. La répression est filmée par des particuliers et diffusée sur Internet. Ceux qui veulent fermer les yeux ne le peuvent pas. On ne peut le supporter. Cela devient un scandale, car cette violence dépasse l’imagination. Ça m’a étonné moi-même, mais j’ai dépassé ma prudence. D’ailleurs, ce sont des outils philosophiques qui m’aident à analyser la situation.
 

Expresso : les parcours interactifs
Kant et le devoir
Au quotidien, qu’est-ce que ça veut dire d’agir moralement ? Et est-ce que c’est difficile de faire son devoir ? Ces questions ne sont pas anecdotiques pour quelqu’un qui souhaite s’orienter dans l’existence. Et, coup de chance : Emmanuel Kant y a répondu. 
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