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La Fête sauvage de Frédéric Rossif © Zoroastre

Cinéma

“La Fête sauvage” de Frédéric Rossif: sous le signe de l'animalité

Cédric Enjalbert publié le 18 juin 2014 3 min
«La Fête sauvage», le film de Frédéric Rossif ressort en salles aujourd'hui, près de quarante ans après sa réalisation, dans une version restaurée. Où l'on découvre derrière la sophistication de l'image un nouvel éclairage sur le visage du monde animal, cruel et familier.

« Il serait formidable pour moi de pouvoir faire des films où il n’y aurait pas de dialogues, pas de texte, d’arriver à des signes tracés comme ça dans l’espace, comme dans certaines littératures : les peuples qui ont une écriture, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, font une théâtre populaire et métaphysique. Revenir au signe, c’est revenir à quelque chose d’antique, d’éminemment populaire et en définitive près de l’essentiel. »

Voici la profession de foi de Frédéric Rossif, le réalisateur de La Fête sauvage qui sort à nouveau sur les écrans aujourd’hui, dans une version restaurée, près de quarante après sa sortie, en 1976. Des longueurs et un commentaire daté, souvent obscur sinon abscons bien que rare, mais aussi indubitablement une force interne : son style. 

Coproduit par Sergio Leone, ce film qui déborde les simples limites du film documentaire traque le comportement quasi poétique de l’animal aux quatre coins du monde. Afrique, Asie, Amérique latine : sur tous ces continents, la caméra de Frédéric Rossif porte son regard, saisissant une presque préhistoire animale – « Tous les animaux du monde sont plus vieux que l’homme, tous ont habités la terre avant nous. Tous sont nos prédécesseurs. Ils viennent tous de la nuit des siècles et tous nous regardent du fond des temps. » –, les couleurs d’une faune qui n’était pas encore tout à fait décimée.

 

La frégate, le cougar, le macaque ou la mante religieuse… nous regardent-ils vraiment ? Ont-ils seulement un visage ? Frédéric Rossif en fait la preuve en instaurant à l’écran, entre eux et nous, une relation. Derrière la face émerge alors un visage. Pourquoi ?

La philosophe et éthologue Vinciane Despret l’explique : « Face à un poisson ou à un insecte, nous nous retrouvons à nous demander : est-il heureux ? A-t-il de l’humour ? Deleuze, toujours lui, rend compte de ce pouvoir de la photographie : “l’image-affection c’est le gros plan et le gros plan, c’est le visage” [cours du 26 janvier 1982]. La photographie en gros plan opère un “processus de visagéification”. Cela ne veut pas dire qu’en l’absence de ce processus artéfactuel les animaux seraient privés de visage, mais que le visage émerge toujours d’une opération particulière qui nous le rend perceptible et sensible. C’est dans le cadre d’une relation, ici photographique, que les animaux acquièrent un visage. »

« L’animal ouvre devant moi une profondeur qui m’attire et m’est familière »

Georges Bataille

Remplacer photographique par cinématographique, et nous pourrons comprendre ainsi l’art de Frédéric Rossif. « L’animal ouvre devant moi une profondeur qui m’attire et m’est familière. Cette profondeur, en un sens, je la connais : c’est la mienne. Elle est aussi ce qui m’est le plus lointainement dérobé, ce qui mérite ce nom de profondeur qui veut dire avec précision ce qui m’échappe. Mais c’est aussi la poésie… » écrit Georges Bataille. Rossif, en poète, souscrit.

Il bat le rythme de cette fête sauvage, scrutant les couleurs d'un monde animal archaïque. Il transcrit le rituel des bêtes : poursuites, parades, combats, ébats et carnages. À l’écran, derrière la sophistication de l’image prise sur le vif, la cruauté. Ce qui fait dire à Élisabeth de Fontenay, à propos du film, qu’il est en « quelque sorte pré-éthologique », car il ne s’embarrasse pas du psychisme des animaux. Il en saisit le mouvement, les langueurs et le suspens. « Je ne peux regarder ce film sans me souvenir de la sainte violence de Rossif, montrant et montant les images de l’abomination humaine, sans me dire donc que ce film sur l’innocence des bêtes est d’une grande mélancolie », poursuit la philosophe. 

Celui qui a été le réalisateur de Le Temps du Ghetto, en 1961 sur la résistance du ghetto de Varsovie, ou de Mourir à Madrid en 1966, sur la guerre d’Espagne, montrant les horreurs de l’homme, s’entoure des meilleurs techniciens pour retrouver à l’écran, dans cette Fête sauvage, l’« animalité qui est en nous tous, cette animalité qui nous rend fou qui nous rend sage ».

Informations

La Fête sauvage, de Frédéric Rossif

Musique de Vangelis

Texte de Madeleine Chapsal

Réalisé en 1976, restauré en 2014

Sortie le 18 juin 2014 au cinéma et en éditons vidéo le 8 septembre 2014, avec un texte d'Élisabeth de Fontenay

www.lafetesauvage.com

Durée: 1h33

 

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