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La fragilité de l’édifice

Martin Legros publié le 02 décembre 2015 6 min

« À tout moment, une parole déplacée ou mal interprétée peut provoquer la mort. C’est à ce moment-là qu’on l’accepte, c’est quand on voit qu’ils s’énervent parce qu’on leur répond, c’est quand on voit qu’ils manquent d’humour. » Celui qui s’exprime ainsi s’appelle Sébastien. Âgé de 34 ans et originaire d’Arles, c’est l’un des survivants du Bataclan. Après avoir échappé à la tuerie et sauvé une inconnue, il a passé plus de deux heures avec les terroristes, leur servant d’otage, de bouclier humain, mais aussi d’interlocuteur. Il a été confronté au plus près à la nouvelle forme de terreur, massive et éruptive, qui s’est déchaînée vendredi 13 novembre dans la capitale et dont le bilan, à l’heure où nous écrivons ces lignes, fait état de 130 morts et de 350 blessés. Alors que la France a décrété depuis l’état d’urgence et s’est lancée dans une nouvelle guerre contre le terrorisme, c’est là, très tôt, au cœur de l’événement, que toutes les questions existentielles, morales et politiques, liées à ce combat ont surgi. Prenons le temps de les entendre.

 

Un pouvoir de résistance

Lorsque Sébastien raconte ce qu’il a vécu, ses propos résonnent étrangement avec ceux de Jean-Paul Sartre lorsqu’il rendait compte, au sortir de la guerre, de ce qu’a été l’expérience de la liberté sous l’occupation allemande. « Chaque pensée juste était une conquête […], chaque parole devenait précieuse comme une déclaration de principe […], chacun de nos gestes avait le poids d’un engagement », écrivait alors le philosophe. Qui ajoutait : « Nous étions au bord de la connaissance la plus profonde que l’homme peut avoir de lui-même. Car le secret d’un homme, ce n’est pas son complexe d’Œdipe ou d’infériorité, c’est la limite même de sa liberté, c’est son pouvoir de résistance aux supplices et à la mort » (« La République du silence », Situations III). Ce pouvoir de résistance, Sébastien l’a éprouvé de très près. Alors qu’il a vu ses semblables s’effondrer sous le coup des balles, il parvient à trouver refuge dans une bouche d’aération. Mais depuis sa cachette, au deuxième étage de la salle de concert, il entend et voit une jeune femme enceinte suspendue dans le vide, à quinze mètres de haut qui appelle à l’aide. En la sauvant, Sébastien se fait reprendre par les terroristes. Rassemblé avec vingt autres personnes comme otage, il va avoir avec les assaillants – c’est ce qui l’a sauvé, il en est convaincu – une longue conversation. « Comme si, ayant arrêté de tuer, ils avaient repris leur conscience. » Que se sont-ils dits ? « Ils nous ont d’abord fait leur prêche, leur speech, du pourquoi ils étaient là […]. Ensuite, ils nous ont emmenés dans la salle où les blessés agonisaient. […] Et ils nous ont demandé si l’on était d’accord avec eux. Je vous laisse imaginer le silence qui a plané. On a hoché la tête pour les plus timides et dit oui pour les plus téméraires. » À un moment – pour sonder le degré de son immoralité occidentale ? –, les terroristes lui tendent une liasse de billets de banque et l’invitent à la brûler. « Ils voulaient savoir si l’argent avait une importance à mes yeux. J’ai répondu évidemment non. Je me suis senti comme Gainsbourg, sauf que j’étais obligé de le faire. »

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