La hiérarchie des trois ordres selon Pascal
Extrait – Le pouvoir temporel, l’activité intellectuelle et l’ouverture à Dieu sont les trois grands domaines de l’existence humaine selon Pascal. Or chacun de ces ordres repose sur des valeurs incomparables : le commandement, la richesse et ce qui relève de l’ordre matériel n’ont rien à voir avec l’élaboration d’une œuvre intellectuelle, et moins encore avec la vraie bonté. Et dans cette trinité, la grandeur des saints supplante l’éclat des œuvres de l’esprit, qui surpasse le lustre des princes.
« La distance infinie des corps aux esprits figure la distance infiniment plus infinie des esprits à la charité, car elle est surnaturelle.
Tout l’éclat des grandeurs n’a point de lustre pour les gens qui sont dans les recherches de l’esprit.
La grandeur des gens d’esprit est invisible aux rois, aux riches, aux capitaines, à tous ces grands de chair.
La grandeur de la sagesse, qui n’est nulle sinon de Dieu, est invisible aux charnels et aux gens d’esprit. Ce sont trois ordres différents de genre. […]
Mais il y en a qui ne peuvent admirer que les grandeurs charnelles comme s’il n’y en avait pas de spirituelles. Et d’autres qui n’admirent que les spirituelles comme s’il n’y en avait pas d’infiniment plus hautes dans la sagesse.
Tous les corps, le firmament, les étoiles, la terre et ses royaumes, ne valent pas le moindre des esprits. Car il connaît tout cela, et soi, et les corps rien.
Tous les corps ensemble et tous les esprits ensemble et toutes leurs productions ne valent pas le moindre mouvement de charité. Cela est d’un ordre infiniment plus élevé.
De tous les corps ensemble on ne saurait en faire réussir une petite pensée ; cela est impossible et d’un autre ordre. De tous les corps et esprits on n’en saurait tirer un mouvement de vraie charité ; cela est impossible, et d’un autre ordre surnaturel. »
Pascal, Pensées, 290.
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