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© Christopher Anderson/Magnum Photos

Dossier / “Comment cultiver la bonne humeur ?”

La trame de notre vie émotionnelle

Alexandre Lacroix publié le 21 mars 2024 9 min

D’où vient la bonne (ou la mauvaise) humeur ? De soudaines décharges hormonales ou de souvenirs enfouis ? Pour le savoir, nous avons interrogé un spécialiste de la médecine antique, une endocrinologue, un neuropsychologue et une psychanalyste.

 

« Comment puis-je reconnaître que cette couleur est le rouge ? » demande Ludwig Wittgenstein dans ses Recherches philosophiques (1953). Et de répondre de manière faussement naïve : je peux dire cela parce que « j’ai appris le français ».

Posons maintenant la question : comment puis-je affirmer que je suis de bonne humeur ? Une réponse possible serait : parce que j’emploie là sans en avoir bien conscience un terme qui vient de la médecine antique, et plus précisément du corpus hippocratique, qui s’est constitué entre les Ve et IIIe siècles avant notre ère. « Dans l’Antiquité, explique Jean-Christophe Courtil, historien des idées de l’Antiquité et spécialiste de la théorie des humeurs, on a tendance à expliquer ce qui est invisible par ce qui est visible, et ce qui est petit par ce qui est grand. On appréhende ce qui se passe en nous par ce que l’on observe dans la nature. Or la nature est envisagée comme un mixte de quatre éléments. » Selon les médecins de la Grèce ancienne, on trouve de même dans l’organisme quatre humeurs fondamentales : le sang (associé à l’air), le phlegme (associé à l’eau), la bile jaune (au feu) et la bile noire (à la terre). « Du point de vue du caractère, il n’y a que deux bonnes humeurs : celle du tempérament sanguin, qui est joyeux, chaleureux, et celle du phlegmatique, qui est égale. Ce qui est amusant, c’est que, pour les Anciens, être phlegmatique est une vraie qualité, synonyme de sagesse et de tranquillité. C’est seulement la pensée postromantique européenne qui a valorisé le fait d’éprouver des émotions fortes et fait passer le phlegmatique pour une personne molle, apathique. » 

“Comme les Anciens, nous restons très préoccupés par nos équilibres internes”Jean-Christophe Courtil, historien des idées de l’Antiquité

 

Nul ne s’est donc soucié davantage de cultiver la bonne humeur que les médecins de l’Antiquité, qui conseillaient leurs patients sur leur sommeil, leur alimentation, les exercices physiques. « Si une humeur est en excès dans le corps, on cherche à la diminuer. C’est pourquoi on propose des saignées à celui qui a trop de sang, ou du vin à celui qui n’en a pas assez. Aux femmes mélancoliques, on recommande d’augmenter la fréquence des coïts. Celui qui a trop de bile jaune est casse-pieds, agressif, on lui prescrit des aliments humidifiants. » Tout ceci peut paraître bien folklorique au regard de la pharmacopée dont nous disposons aujourd’hui, cependant, selon Jean-Christophe Courtil, le corpus hippocratique a fait référence durant plusieurs siècles parce qu’il fonctionnait assez bien en pratique. Du reste, nous n’en sommes pas aussi quittes que nous l’imaginons : « Depuis 2022, les séances de sport sur ordonnance peuvent être remboursées par la Sécurité sociale. Les saignées et les clystères purgatoires restent employés, bien que de manière plus rare, pour certaines pathologies du foie ou de l’intestin. Ajoutez à cela la phytothérapie, les huiles essentielles, les médecines douces, l’homéopathie… Vous verrez que les gens restent très préoccupés par leurs équilibres internes et qu’ils tentent de les réguler en étant attentifs à ce qu’ils ingèrent, à leur hygiène de vie. Un souci de soi qui donne des résultats plutôt positifs… » 

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Article issu du dossier "Comment cultiver la bonne humeur ?" mars 2024 Voir le dossier
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