“Le Bal des folles” : histoire de la folie à l’âge de la sororité
Le Bal des folles, dernier film de Mélanie Laurent adapté du livre de Victoria Mas, nous plonge dans l’univers baroque et mystérieux de l’asile au XIXe siècle. Au fil des images, le spectateur dépasse le stade « esthétique » de la folie, pour se poser des questions éthiques, humanisant la figure misogyne de « la folle hystérique ».
L’esthétique de la folie
Eugénie (Lou de Laâge) communique avec les esprits. En 1885, c’est une raison suffisante pour qu’elle aille rejoindre « les filles comme elle » à l’hôpital de la Salpêtrière. Le choix d’un don occulte comme motif d’internement n’est pas anodin et installe de plain-pied le spectateur dans le monde fascinant et mystérieux de la folie.
« Pas l’hôpital, pas ça ! », hurle-t-elle lorsqu’elle se rend compte que c’est là que son frère et son père l’emmènent. Rien ne manque au tableau : ni la folle livide en robe de chambre blanche sur le bord du jardin, ni les râles rauques que l’on entend au loin, ni la sévère infirmière (Mélanie Laurent) qui l’ausculte sans ménagement. Dans les dortoirs collectifs de l’asile, les corps difformes et échevelés achèvent de compléter le tableau un brin attendu de ce long métrage qui, de prime abord, a tout d’un Shutter Island au féminin.
Nous sommes habitués à une telle représentation de l’asile, alors pourquoi continue-t-elle de nous happer ? Cette question de la fascination liée à la folie, Michel Foucault la posait déjà dans son Histoire de la folie à l’âge classique (1961) à propos de l’homme du XVIe siècle, animé par une attirance mêlée de répulsion face à la figure du fou dont « la silhouette de cauchemar […] est à la fois le sujet et l’objet de la tentation ; […] qui fascine le regard de l’ascète ». Le terme de « silhouette » n’est pas choisi au hasard : dans la folie, c’est le corps peut-être plus que l’esprit qui fascine ceux qui sont présumés « sains », sur un mode quasi esthétique.
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