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Le “burn-out parental”, c’est quoi ? Lisez l’extrait de “Vivons heureux avant la fin du monde”

publié le 01 septembre 2023 4 min

Depuis quelques années, l’idéal du parent hyperinvesti est remis en question. Fatigue, exigences irréalistes, perte de sens… De nombreux parents souffrent ainsi de « burn-out parental ». Dans le livre Vivons heureux avant la fin du monde (Philosophie magazine Éditeur et ARTE Éditions), de Delphine Saltel, la chercheuse en psychologie Isabelle Roskam explique de quoi ce syndrome relève.


 

Delphine Saltel

« Pour mon travail à la radio, j’ai l’habitude d’enregistrer des situations de la vie de tous les jours, chez moi, en famille. Elles me servent de point de départ pour les épisodes de podcast où je parle à la première personne. En général, je pose le micro sur un coin de table et au bout d’un moment, tout le monde finit par oublier que “ça tourne”. Sur les cartes mémoire de mon enregistreur se sont ainsi fixés, au fil des années, un tas d’instantanés saisis au vol : départs à l’école le matin, repas ou préparatifs du coucher, dimanche où on fait les devoirs, péripéties domestiques en tous genres. Quand je les réécoute, certains moments enfuis me mettent les larmes aux yeux, le babil de mes filles quand elles étaient petites notamment. Mais mes disques durs regorgent aussi de séquences que je n’avais pas forcément prévu d’immortaliser : les pleurs et les engueulades, les portes qui claquent, les exaspérations qui virent au clash général, les crises à base de dents pas lavées ou de tétines perdues, les dérapages verbaux... Toute cette ambiance hautement inflammable qui ne ressemble pas du tout au havre d’amour inconditionnel que j’aurais aimé construire avec mes enfants et qui remplit pourtant une bonne partie de mon quotidien. Alors, il n’y a pas de quoi appeler les services sociaux non plus. Mes filles ont grandi avec un toit sur la tête, le chauffage central, une histoire avant d’aller au lit, des vacances à la mer l’été et des kiwis sans pesticide le matin au petit déjeuner. Mais ce qui m’interroge, justement, c’est que même dans ces conditions privilégiées, je n’ai pas réussi à devenir le parent que je voulais être. Ou plutôt que la société m’a donné envie d’être. Cette mère accomplie qui trouve dans la relation à ses enfants des joies simples et la colonne vertébrale de son existence. Alors, au lieu de gratter les plaies de ma culpabilité maternelle, j’ai plutôt essayé de scruter le mode de parentalité auquel j’aspire. Ce qu’il réclame vraiment de chacun de nous et de la société tout entière aussi. Que cache mon idéal du parent hyperinvesti ? D’où me viennent mes principes éducatifs ? De quels bouleversements historiques ? Quels groupes sociaux les diffusent ? Et me font-ils tant de bien que ça à moi ? Et à mes enfants aussi d’ailleurs ? En débusquant l’hypocrisie du modèle de la parentalité intensive que l’on s’impose collectivement, on peut essayer de repolitiser la question parentale et se ronger un peu moins les sangs chacun dans son coin.

La première chose que j’ai cherché à comprendre concerne la fatigue. Personne ne nous avertit clairement du niveau d’épuisement que l’on peut atteindre avec l’arrivée des enfants. Ou c’est peut-être que l’on ne veut pas l’entendre, obnubilés que nous sommes par l’envie de se reproduire. Pourtant, l’épuisement est un syndrome massif des familles contemporaines occidentales. On parle même de burn-out parental. “Burn-out”, c’est un peu comme “pervers narcissique”, un concept à la mode que l’on dégaine à toutes les sauces mais c’est le terme qu’utilise la psychologue clinicienne Isabelle Roskam. Elle travaille à l’université de Louvain, en Belgique, et elle a dirigé un consortium de recherche international sur le sujet qui rassemble aujourd’hui quarante pays. En plus, elle a eu cinq enfants, donc je me suis dit qu’on pouvait lui faire confiance pour en parler. À commencer par l’origine exacte de l’expression.

 

 

Isabelle Roskam

— To burn out, en anglais, c’est l’image de la bougie qui se consume et finit par se mettre à fumer et s’éteindre. C’est l’image qu’avait choisie Freudenberger, un psychiatre américain qui s’occupait dans les années 1970 d’une clinique pour personnes toxicomanes. Il travaillait avec des bénévoles et il a observé que ces bénévoles, qui étaient des gens hyperinvestis s’occupant gratuitement de personnes en détresse, à un moment donné, s’épuisaient. Ils étaient comme des bougies qui, après avoir brûlé de longues heures, finissent par s’éteindre. Et donc, Freudenberger utilise le terme “burn-out” pour désigner l’état d’épuisement professionnel qu’il constate chez ces bénévoles. C’est la maladie du battant qui, à trop vouloir en faire, à un moment donné, s’effondre. Ensuite, toujours dans les années 1970, le terme “burn-out” est récupéré par une autre psychologue, Christina Maslach, qui va y consacrer sa thèse. Maslach, elle, travaille avec des soignants, des infirmières, des sages-femmes et elle reprend le terme pour dire que c’est la maladie de ceux qui prennent soin. Ce qui est intéressant pour nous, c’est que les parents réunissent ces deux caractéristiques du burn-out : ce sont à la fois des gens hyperinvestis et qui prennent soin. Donc, dès les années 1980, des chercheurs américains vont commencer à dire que le burn-out ne survient pas seulement dans le domaine du travail mais que l’on peut observer le même phénomène dans le domaine de la famille. Plus précisément dans le contexte de la parentalité où, effectivement, on se surinvestit, on donne beaucoup de soi. Et à un moment donné, on risque de s’éteindre parce qu’on est allé au bout de ses ressources, qu’il y a trop de stress et pas suffisamment de ressources pour y faire face. »

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