“Le Ciel de Nantes” : la dernière séance
Dans sa dernière pièce actuellement en tournée, Christophe Honoré met en scène une saga où le récit s’entremêle aux destins croisés des membres de sa famille. Une œuvre hantée où affleurent trahisons, conflits mais aussi tendresse et amour.
C’est d’abord l’histoire du tournage d’un film imaginaire, celui que Christophe Honoré avait projeté de réaliser au sujet de sa propre famille… et qui n’a jamais eu lieu. Cette chronique impossible des héritages et des trahisons qui jalonnent le parcours d’une existence, il l’a finalement transposée au théâtre – où les morts se relèvent pour saluer ! – avec un allant remarquable et une conviction existentielle : « Nos vies ne nous appartiennent pas. » De la Seconde Guerre mondiale aux années 1980, le metteur en scène orchestre une saga où s’entremêle son récit aux destins croisés de sa grand-mère Odette, dite Kiki (à laquelle l’extraordinaire Marlène Saldana donne vie), de ses oncles, de ses tantes et de sa mère, Marie-Dominique. Il dialogue avec ces fantômes et leurs démons : la violence (conjugale et de la guerre), l’alcool, le racisme ou l’homophobie. Mais il est aussi affaire de transmission entre générations, de parcours d’immigrations et de luttes ouvrières, où affleurent la tendresse et l’amour pour les mondes dont nous sommes issus et qui ne sont plus tout à fait les nôtres. En dialoguant avec ces parents proches ou lointains, l’artiste excelle dans ce que Jacques Derrida appelle l’« hantologie », à mi-chemin de l’ontologie – la science de l’être – et de la hantise du revenant. Par ce néologisme, le philosophe désigne en effet ce qui n’est plus mais continue de nous affecter, la manifestation de l’absence, d’un spectre « aussi puissant et plus efficace qu’une présence vivante », transformant la texture même de l’espace et du temps. « On n’hérite jamais sans s’expliquer avec plusieurs spectres », poursuit-il dans Spectres de Marx (1993). Qu’un décor de cinéma désaffecté, merveilleusement désuet et joliment restitué sur scène, soit le théâtre de ces retrouvailles n’est pas fortuit. Car toutes ces « télétechnologies », comme les appelle Derrida et dont participe le cinéma, permettent l’enregistrement de la trace et sa réactivation en différé. Elles sont des machines à produire des revenants. Action !
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