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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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À Moscou, le 30 mars 2020, un prêtre catholique donne une messe dans une église vide. © Andrei Vasilyev/TASS/Sipa

Enquête

Le Covid-19 va-t-il (aussi) avoir la peau des religions ?

Olivier Abel, Rivon Krygier, Nathalie Sarthou-Lajus, propos recueillis par Victorine de Oliveira publié le 10 avril 2020 17 min

La pandémie de Covid-19 s’est notamment propagée lors de grands rassemblements religieux et a affecté nombre de fidèles. Alors que Pâques, Pessa’h et le ramadan ont lieu en ce mois d’avril, quels sont les risques pour les monothéismes de voir leurs fondements bouleversés ? Quatre philosophes de confessions différentes nous éclairent.

Chez les chrétiens, le dimanche des Rameaux célèbre l’entrée de Jésus à Jérusalem pour fêter la Pâque juive. Cette date marque le début de la Semaine sainte qui précède sa mort et sa résurrection. Pour imiter le geste du peuple de Jérusalem qui accueille triomphalement le Christ, les fidèles, en nombre, brandissent des rameaux printaniers. Mais ce dimanche 5 avril, sur les coups de 10 heures, il n’y a personne sur le parvis de la basilique Sainte-Marie-Madeleine, à Vézelay, qui est pourtant, au même titre que la cathédrale Notre-Dame de Paris, l’un des hauts lieux de la chrétienté. La restauration de l’édifice est interrompue. L’entrée principale est close. Et quand on emprunte la petite porte latérale, on découvre l’immense nef totalement déserte : pas une âme, des centaines de chaises abandonnées, le chœur vide. Une moniale, croisée quelques heures plus tard, indique que la messe a lieu à 11 heures, mais uniquement avec les membres de la communauté monastique qui vit confinée. Quelques jours plus tard, ce sont les synagogues qui restent closes pour célébrer Pessa’h. Dans le monde musulman, la prière du vendredi est annulée un peu partout. 

Le Covid interdit les rassemblements religieux. Il faut dire que l’épidémie en est, au moins en partie, issue. On se rappelle le grand rassemblement évangélique de Mulhouse, organisé par l’Église Porte ouverte chrétienne dans le Haut-Rhin du 17 au 24 février. Avec environ 2 000 participants, il a favorisé la propagation du virus. Certes, dans la même période, les stades de foot et les cafés sont également noirs de monde. « Ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient, littéralement », soupire le philosophe protestant Olivier Abel, tout en soulignant l’« ironie » de ce foyer épidémique situé au sein d’une communauté évangélique « qui a déjà fortement tendance à penser en termes de culpabilité et de punition, et à cultiver en permanence un sentiment apocalyptique de fin du monde ».

 

Irresponsabilités coupables

Reste que la volonté, dans certaines communautés religieuses, d’organiser cérémonies et rassemblements, soulève la polémique. En Corée du Sud, les leaders de la secte dite de l’Église Shincheonji (« Nouveau monde ») de Jésus sont poursuivis pour homicide. Environ 60 % des cas de Covid-19 nationaux, à la mi-mars, ont été relevés parmi ses adeptes qui continuaient à se rassembler en février. En Iran, le sanctuaire de la ville sainte de Qom a été l’un des foyers majeurs de propagation de la maladie : les fidèles s’y pressent autour du mausolée de Fatima, fille de l’un des imams du chiisme. En Russie, on pouvait voir à la mi-mars de longues files de fidèles, comprenant beaucoup de vieilles dames, pour embrasser les reliques d’un saint orthodoxe dans une cathédrale de Saint-Pétersbourg. Au même moment, le maire de Nice Christian Estrosi salue les croyants d’une veillée de prière, avant d’être testé positif au Covid-19. À Jérusalem, les ultra-orthodoxes juifs du quartier de Méa Shéarim refusent de se plier aux injonctions d’interrompre les rassemblements et affrontent la police. Résultat : la rapidité de la propagation du virus parmi eux est de quatre à huit fois supérieure à la population du reste d’Israël. Symbole s’il en est, Yaakov Litzman, le ministre de la Santé local, a été testé positif le 2 avril. Ce membre du parti Judaïsme unifié de la Torah, proche de la mouvance ultra-orthodoxe, n’aurait pas respecté les restrictions décrétées par son propre gouvernement – et notamment l’interdiction, depuis le 25 mars, de participer à une prière dans une synagogue. Un refus de montrer l’exemple qui a de lourdes conséquences en Israël : parmi les personnes hospitalisées après avoir contracté le Covid-19, une sur deux est issue de la communauté juive orthodoxe, alors que celle-ci ne représente que 10 % de la population totale. Dans certaines villes où ce mouvement est très implanté – comme à Bnei-Brak, près de Tel-Aviv –, un tiers des personnes testées affiche un résultat positif à ce coronavirus. 

La question doit être soulevée : certains croyants, du moins les plus fanatiques ou les moins éclairés, ne piétinent-ils pas les règles les plus élémentaires de prudence face à la contagion, au nom de la conviction que dieu les protégera ; que leur attitude, héroïque ou sacrificielle à leurs yeux, leur vaudra le salut ; que le décret divin, qui commande une pratique religieuse rigoureuse, est infiniment supérieur aux aléas de l’histoire humaine ? La période d’après la première vague de la pandémie dans les régions actuellement touchées sera certainement celle d’une explication avec ces mouvements religieux aussi bien qu’avec les autorités religieuses, accusées d’avoir sous-évalué le risque de contagion au nom d’une prétendue supériorité de la foi. 

Une autre question se pose aux religions : peuvent-elles survivre longtemps sans pratiques communautaires ? La vie des croyants obéit à une dialectique entre la prière personnelle et le rituel en groupe. Chaque religion les articule à sa manière. Cependant, n’oublions pas que le mot « religion » vient du terme latin religare, qui signifie « relier » – pas uniquement les hommes à dieu mais aussi entre eux. Le fait religieux est un lien social. Que se passera-t-il si l’un des pans de cet édifice s’efface ou disparaît ? C’est la question que nous avons posée à plusieurs philosophes ou intellectuels affiliés à des fois et à des traditions religieuses différentes. 

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