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Lexique

Le pacte des loups

Delphine Thivet publié le 28 octobre 2009 9 min

Le contrat social est la seule manière de sortir l’homme de l’état de nature, dominé par la crainte d’une mort violente. L’État qui en résulte apparaît comme une construction rationnelle au pouvoir illimité. Avec le Léviathan, une révolution est en marche.

L’état de nature

L’état de nature est la situation hypothétique dans laquelle se trouvent les êtres humains en l’absence de toute société politiquement instituée, c’est-à-dire « sans convention ni sujétion les uns envers les autres, comme s’ils venaient tout juste d’être créés hommes et femmes » (Éléments du droit naturel et politique). L’état de nature équivaut à celui d’égalité et de liberté absolue dans lequel chacun dispose du droit illimité d’user de sa puissance comme bon lui semble. La menace y est donc perpétuelle : « L’homme est un loup pour l’homme » (De cive, Du citoyen), phrase célèbre que Hobbes emprunte à Plaute, et le plus faible peut toujours tuer le plus robuste, grâce à la ruse, par exemple. Comme il n’existe aucun juge commun pour trancher les différends, l’état de nature aboutit à la « guerre de tous contre tous » (Du citoyen), guerre qui ne consiste pas « dans un combat effectif, mais dans une disposition avérée, allant dans ce sens, aussi longtemps où il n’y a pas d’assurance du contraire » (Léviathan, XIII). En guise d’illustration, Hobbes évoque l’absence de gouvernement chez les peuples d’Amérique, les guerres civiles ou encore les relations entre États. En identifiant l’état de nature à un état de guerre, le philosophe anglais réfute la thèse aristotélicienne selon laquelle l’être humain est né avec une disposition naturelle à la société (Du citoyen). À travers sa description de l’état de nature – hors de l’État, « la vie de l’homme est solitaire, besogneuse, pénible, quasi animale, et brève » (Léviathan, XIII) –, il montre que ce n’est que contraint et forcé par la violence de son prochain, poussé par la crainte mutuelle, que l’être humain décide de s’assembler et de conclure un pacte avec ses semblables.

 

Le Léviathan

Hobbes nomme l’État « Léviathan » en référence à l’un des monstres marins de l’Ancien Testament. Comme lui, le souverain est doté d’une puissance inégalée et il est chargé de veiller sur tous les « fils de l’orgueil » (Job, 41, 25-26). La figure effrayante du Léviathan est destinée à frapper l’imagination des sujets, à entretenir les affects de crainte respectueuse, voire de terreur, nécessaires à la conservation de l’autorité souveraine. L’État résulte du pacte social qui unit une multitude d’hommes en une seule et même personne civile, selon la formule : « J’autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises toutes ses actions de la même manière » (Léviathan, XVII). Le pacte de Hobbes est révolutionnaire pour la philosophie politique de son temps : c’est désormais en référence au paradigme de la raison humaine associée à la volonté, et non en référence à la transcendance d’un être suprême, que se définit l’État. Indépendant d’un quelconque ordre supranaturel, il est artifice : « C’est l’art qui crée ce grand Léviathan qu’on appelle République ou État, lequel n’est qu’un homme artificiel, quoique d’une stature et d’une force plus grandes que celle de l’homme naturel, pour la défense et la protection duquel il a été conçu » (Léviathan, Introduction). Mais l’État est aussi une construction ou une créature périssable : sujet à des imperfections de fabrication et à des maladies internes, il peut succomber sous le coup d’une violence extérieure ou d’une guerre civile. Pour Hobbes, cette dernière aboutit à la décomposition de l’État : elle renvoie à la rébellion des sujets envers leur souverain, à la lutte des factions, aux passions des gouvernés, aux erreurs des gouvernants, à la violence, autrement dit, à la pratique politique effective des hommes dans l’histoire, avec sa part irréductible d’irrationalité et de passion.

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