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Cinéma

Le philosophe qui murmurait à l’oreille des cinéastes

Philippe Nassif publié le 17 juillet 2012 8 min

Alors que débute ce mois-ci le Festival de Cannes, une ombre plane sur de nombreux films présentés ces dernières années sur la Croisette. Celle du philosophe américain Stanley Cavell. Les frères Dardenne, Jacques Audiard, Arnaud Desplechin, Terrence Malick… Tous revendiquent leur filiation avec ce penseur à découvrir.

Stanley Cavell ? Terrence Malick, le réalisateur de The Tree of Life – Palme d’or au Festival de Cannes 2011 – a été son étudiant. Luc Dardenne – auteur avec son frère Jean-Pierre de Rosetta (Palme d’or en 1999) et de L’Enfant (Palme d’or en 2005) – est capable de citer de mémoire les pages de ses livres où s’est glissée une coquille. Arnaud Desplechin a imaginé son Conte de Noël (en compétition en 2008) comme une adaptation d’un de ses textes. Jacques Audiard – réalisateur d’Un prophète (Grand Prix du jury en 2009) –, lui, a déjà offert aux critiques avec lesquels il s’entend bien un exemplaire de son recueil Le cinéma nous rend-il meilleurs ? (Bayard, 2003).

Pourtant, Stanley Cavell n’est pas poète, cinéaste, romancier ou gourou. Il est, à 75 ans, l’un des plus grands philosophes américains vivants. Son œuvre, initiée dans les années 1960, a participé outre-Atlantique à « une véritable révolution culturelle », souligne son ex-étudiante et importatrice, Sandra Laugier. Ses ouvrages sont aujourd’hui le point de ralliement d’une pensée « post-analytique » rejetant ces jeux de langages souvent stériles qui ont longtemps dominé l’Université américaine. C’est qu’en fondant sa pensée sur le scepticisme du second Wittgenstein, sur la pensée d’Emerson et de Thoreau, et sur le cinéma hollywoodien des années 1940, Stanley Cavell a frayé une nouvelle voie éthique aimantée par l’ordinaire, le commun, la démocratie : le « perfectionnisme », doctrine de la transformation de soi. Et il apparaît donc aujourd’hui comme l’une des sources secrètes des meilleurs cinéastes présents au Festival de Cannes. On comprend mieux la raison de cet engouement si l’on sait que Cavell, commentant les comédies de remariage de Capra ou de Cukor, ne cherche pas à interpréter, à la façon de Deleuze, le cinéma. C’est l’inverse : chez Cavell, c’est le cinéma qui réinterprète la philosophie. Tel est son geste radical : fonder son aventure de pensée sur son expérience intime de spectateur.

De là une écriture intuitive, jamais systématique, qui sans doute colle à la manière de penser des artistes. « Le point crucial, c’est que l’écriture de Cavell aura été, du début à la fin, profondément autobiographique, explique Élise Domenach auteur d’une introduction idéale, Stanley Cavell, le cinéma et le scepticisme [PUF, 2011]. En cela, il rejoint le savoir immédiat des artistes : la pensée ne se fonde, ne se justifie, ne s’autorise que de soi. » Et il obéit à l’impératif scandaleux d’Emerson : « Croire que ce qui est vrai pour vous dans l’intimité de votre cœur est vrai pour tous les hommes – c’est là le génie » (La Confiance en soi). Telle est la matière première de la pensée cavellienne : partir du souvenir de ses troubles, enthousiasmes, illuminations éprouvées dans les salles obscures afin d’éclairer à neuf la philosophie morale. C’est que le cinéma, montre-t-il, embrasse plus que tout autre art notre condition individualiste moderne, l’expérience sceptique.

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