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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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L’“American Jobs Plan”, annoncé le 31 mars dernier par Joe Biden, consiste en un plan d’investissement de près de 2000 milliards de dollars dans les infrastructures du pays – dont environ 621 milliards devraient être dédiés aux routes, ponts et autres axes de transport et de communication. © William K. Clark/Shutterstock/Sipa

États-Unis / Réformes

Les grands travaux de Joe Biden

Octave Larmagnac-Matheron publié le 29 avril 2021 3 min

Le nouveau président américain défend une ambitieuse politique de rénovation des infrastructures, financée notamment par des hausses d’impôts. Et si, comme le montre Tocqueville, cette intervention massive de la puissance publique était au fondement de la démocratie américaine ?

 

Après avoir fait voter par le Congrès un plan d’aide à l’économie américaine d’un montant de 1 900 milliards de dollars, Joe Biden a détaillé l’« American Jobs Plan », un plan de 2 000 milliards de dollars d’investissement dans les infra–structures « comme on en voit qu’une fois dans une génération ». Selon la Maison Blanche, ce plan, notamment financé par une hausse de l’impôt sur les sociétés, se traduira par la rénovation de 30 000 kilomètres de routes, de dix des plus grands ponts du pays, mais aussi des voies ferrées et des infrastructures d’eau courante et de télécommunications. Ce deuxième projet d’envergure lancé durant les cent premiers jours de la nouvelle présidence a largement été interprété comme une rupture avec le consensus bipartisan des quarante dernières années sur une limitation de l’intervention gouvernementale. Cependant, il s’inscrit plus largement dans une tradition de grands travaux publics qui remonte aux origines de la démocratie américaine.

C’est le 31 mars à Pittsburgh, dans l’État de Pennsylvanie, que Joe Biden a dévoilé son plan. Dans ce même État, en 1831, un voyageur français médite lui aussi sur les grands travaux américains : « Nous nous arrêtâmes un instant à Presqu’Île, aujourd’hui Érié. C’est là que le canal de Pittsbourg viendra aboutir. Au moyen de cet ouvrage, dont l’entière exécution est, dit-on, facile et désormais assurée, le Mississippi communiquera avec la rivière du Nord et les richesses de l’Europe circuleront librement à travers les cinq cents lieues de terre qui séparent le golfe du Mexique de l’océan Atlantique. » Ce voyageur, c’est Alexis de Tocqueville. Lors de sa traversée des États-Unis, il a observé la puissance américaine quand il s’agit de grands travaux. Un siècle avant le New Deal rooseveltien, le Français note que l’idée reçue en Europe selon laquelle la règle d’or du gouvernement américain serait le laisser-faire et le libre exercice de l’intérêt individuel, est erronée. Selon lui, le gouvernement américain se préoccupe de moins de domaines que ses homologues européens – il ne se mêlera pas, par exemple, de régenter et de subventionner les arts. Mais quand il s’agit de grands travaux d’utilité publique, tels que les principaux axes de communication du pays, il en assume directement la responsabilité – ce qui ne l’empêche pas de laisser les plus petits travaux aux entreprises, communautés ou individus.

Ces observations débouchent, dans les deux tomes de De la démocratie en Amérique, sur un éloge mesuré de la puissance publique américaine. Côté pile, dans le premier tome, on note une certaine admiration pour cette puissance : « Chez les Américains, la force qui administre l’État est bien moins réglée, moins éclairée, moins savante, mais cent fois plus grande qu’en Europe. [...] Il ne faut donc pas chercher aux États-Unis l’uniformité et la permanence des vues, le soin minutieux des détails, la perfection des procédés administratifs ; ce qu’on y trouve, c’est l’image de la force, un peu sauvage il est vrai, mais pleine de puissance ; de la vie, accompagnée d’accidents, mais aussi de mouvements et d’efforts. » Côté face, dans le second tome, une certaine inquiétude envers le poids pris par l’État au fur et à mesure du développement d’un pays : « En proportion que la nation devient plus industrielle, elle sent un plus grand besoin de routes, de canaux, de ports et autres travaux d’une nature semi-publique, qui facilitent l’acquisition des richesses, et en proportion qu’elle est plus démocratique, les particuliers éprouvent plus de difficulté à exécuter de pareils travaux, et l’État plus de facilité à les faire. Je ne crains pas d’affirmer que la tendance manifeste de tous les souverains de notre temps est de se charger seuls de l’exécution de pareilles entreprises ; par là, ils resserrent chaque jour les populations dans une plus étroite dépendance. » Entre « puissance » et « dépendance », les débats sont toujours vifs aux États-Unis deux siècles plus tard, à l’heure où les républicains ont prévu d’attaquer le plan Biden sur ses hausses d’impôts et les risques d’augmentation de la dette publique…

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Article issu du magazine n°149 avril 2021 Lire en ligne
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