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© Christophe Merlin pour PM

Lexique

Les structures de l’esprit

Frédéric Keck publié le 03 juillet 2008 10 min

Contre la notion de « société primitive » et l’opposition nature-culture, l’anthropologue affirme l’existence d’une « logique naturelle » et privilégie les concepts de mythes et d’échanges pour appréhender l’altérité.

La pensée sauvage

En 1962, Claude Lévi-Strauss publie La Pensée sauvage pour montrer que la « pensée des sociétés sauvages » n’est pas illogique, irrationnelle, émotive, mais qu’elle repose sur une « logique » que la pensée savante avait oubliée, parce qu’elle se développe « à l’état sauvage », dans la relation avec la nature (silva, la forêt). Parler de « pensée sauvage », c’est rompre avec le thème de la « mentalité primitive » introduit par Lucien Lévy-Bruhl en 1922. Les sociétés sauvages ne sont pas « primitives », elles se sont développées parallèlement aux sociétés modernes avec leurs propres moyens. En outre, elles ne se caractérisent pas par une « mentalité » close, mais elles mettent en œuvre une « pensée » qui est encore la nôtre dès que nous cessons de penser comme des savants. La « pensée sauvage » est une « science du concret », qui « bricole » avec des éléments du sensible pour leur donner un autre sens que celui qu’ils prennent dans la perception immédiate. À la différence de la science de « l’ingénieur », qui projette sur la nature des idées déjà conçues par la culture, la pensée sauvage perçoit des éléments naturels comme culturels et inversement, sans jamais que nature et culture soient conçues comme des domaines ontologiques séparés. Elle est capable de « totalisation », de porter à la fois vers le concret (les nouveau-nés, les maladies…) et vers l’abstrait (les catégories, les nombres…) dans un double mouvement d’universalisation et de particularisation. En cela, elle peut rivaliser avec la « raison dialectique » décrite par Jean-Paul Sartre pour les sociétés modernes. Nous retrouvons en nous cette « pensée sauvage », selon Claude Lévi-Strauss, dès que nous nous livrons à la contemplation esthétique. Notre perception n’est alors plus soumise à un impératif de rendement, elle vise à totaliser en un seul instant l’ensemble des éléments signifiants du sensible. La pensée sauvage n’est donc pas opposée à l’histoire et à l’événement : elle intègre l’événement dans une totalité structurée qui lui donne sens en révélant la pluralité de ses interprétations.

 

Le relativisme culturel

L’anthropologie s’est constituée depuis Montaigne sur un relativisme de principe. Devant l’étrangeté des coutumes et des croyances relevées par les observateurs dans le Nouveau Monde, nous ne pouvons soumettre ces sociétés éloignées au jugement de la conscience européenne, en les accusant de superstition ou d’idolâtrie : ce serait être plus « barbares » que les « barbares », puisqu’au lieu d’accuser des individus de sorcellerie nous accuserions toute une partie de l’humanité. Le relativisme est d’abord moral et devient épistémologique lorsque Herder forge la notion de « Kultur » pour décrire les œuvres littéraires d’une époque qui ne saurait être considérée comme inférieure à une autre. Il y a un progrès dans les sciences mais aucun en art, chaque époque exprimant artistiquement toutes ses possibilités. À ces deux formes de relativisme (moral, épistémologique), l’anthropologie en ajoute une troisième : certes, les sociétés ou « cultures » ne peuvent être comparées du point de vue de la conscience morale, mais elles peuvent l’être entre elles, depuis les différents termes qu’elles mettent en relation. L’anthropologie structurale, avant d’être un relativisme culturel, est un relationnisme social : elle pose que les sociétés sont faites de relations, qui ne peuvent être rapportées à la polarité de la conscience jugeant les phénomènes humains depuis une position centrale.

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Article issu du magazine n°21 juillet 2008 Lire en ligne
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