Michael Barry. Un esthète en croisade

Martin Legros publié le 4 min

Présent en Afghanistan depuis l’invasion de l’URSS jusqu’à l’intervention occidentale, Michael Barry double son engagement humanitaire d’un combat culturel. Revenant aux sources de l’art islamique, cet universitaire américain lutte contre le terrorisme sur le terrain des idées.

New York-Kaboul, aller-retour, à la recherche de l’icône perdue. L’itinéraire de Michael Barry aurait pu inspirer l’un des épisodes d’Indiana Jones, de Steven Spielberg, où un professeur d’anthropologie parcourt le monde à la recherche d’un objet précieux doté de pouvoirs spirituels. Avec ses allures de baroudeur, ce professeur de persan et de civilisation islamique à l’université de Princeton, par ailleurs directeur du département d’art islamique du Metropolitan Museum de New York, revient de loin. Né à New York en 1948, élevé en France et en Afghanistan, polyglotte, il est d’abord passé par les plus grandes universités (Princeton, Cambridge, McGill, École des hautes études en sciences sociales). Une brillante carrière académique se dessinait. Jusqu’au jour où l’appel de l’aventure et une certaine exigence intellectuelle l’ont fait bifurquer. Le 27 décembre 1979, l’Afghanistan, où il se rend fréquemment pour ses recherches sur l’art islamique, est envahi par l’armée soviétique. Sa vie bascule.

 

Le secret des images

«Je me sentais un devoir moral vis-à-vis de ce peuple. Un chercheur cloîtré dans sa tour d'ivoire trahit sa mission»

Ni une, ni deux, il abandonne tout pour s’engager dans l’humanitaire. « Je me sentais un devoir moral vis-à-vis de ce peuple que je connaissais bien, dont je comprenais la langue et les souffrances. Un chercheur cloîtré dans sa tour d’ivoire trahit sa mission. » De crise en crise, et de guerre froide en guerre civile, Barry reste plus de vingt ans sur place. À la tête de convois humanitaires aux frontières du Pakistan, en charge d’un hôpital clandestin sous l’occupation soviétique, comme observateur de la Fédération des droits de l’homme – il témoigne devant le Sénat américain et est reçu par Ronald Reagan à la Maison Blanche quand l’Amérique s’implique dans le conflit – puis comme coordinateur de Médecins du monde et consultant des Nations unies.

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