Michaël Fœssel : éloge de la démesure
Pour Michaël Fœssel, qui a récemment publié Quartier rouge. Le plaisir et la gauche (PUF), l’appel macronien à la sobriété n’est qu’un appel de plus à la vertu des classes laborieuses. Il propose de sortir de l’idéal ascétique et du calcul permanent.
La scène est désormais bien campée. D’un côté, les praticiens de l’hybris qui, en dépit de tant de signes alarmants, continuent de se goberger aux frais de la princesse ; de l’autre, une nature effondrée sous le poids de nos désirs illimités et de nos jouissances sans borne. La distribution des rôles change de temps à autre. Certains inculpent l’humanité en masse, comme dans l’hypothèse « Anthropocène » où l’homme moderne et désirant (désirant parce que moderne) serait parvenu, à force de démesure, à bouleverser le temps géologique. D’autres préfèrent incriminer les formes de vie favorisées par un système économique déréglé : ils parlent de « Capitalocène » pour désigner une prédation généralisée des ressources naturelles au bénéfice d’une petite minorité de privilégiés. Mais la scène demeure identique, qui fait de l’hédonisme consumériste l’origine principale de nos maux.
“La sobriété risque fort de s’apparenter à un rappel à l’ordre destiné à ceux, qui pour des raisons platement économiques, sont déjà contraints de se priver”
Si l’on en reste aux coordonnées de cette scène, la seconde hypothèse a davantage de vraisemblance, et pour tout dire plus de décence, que la première. Ériger la sobriété en mot d’ordre sans spécifier qui doit, en priorité, renoncer à ses désirs plutôt qu’à l’ordre d’un monde devenu vulnérable, c’est confondre les petits excès et les grands. Comme il y a beaucoup plus de pauvres que de riches sur Terre, il se pourrait que la somme des nuisances écologiques occasionnées par les petits excès surpasse celle des grands – donc que l’avenir de la planète dépende avant tout de la bonne volonté des classes populaires et des classes moyennes. C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a pu appeler ses concitoyens à la sobriété tout en renvoyant les projets de restrictions concernant les jets privés à la « démagogie ». À cette aune, la sobriété risque fort de s’apparenter à un rappel à l’ordre destiné à ceux, qui pour des raisons platement économiques, sont déjà contraints de se priver. Les écologistes les plus conséquents n’ont pas tort de dire que l’invocation de ce terme camoufle le rejet de celui de « décroissance » : un objectif qui, lui, remet en cause les principes du capitalisme technique et non les comportements privés qu’il valorise.
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