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Portrait de Michaël Fœssel en 2016. © Hannah ASSOULINE/Opale/Leemage

Entretien

Michael Fœssel : “La fête n’est peut-être pas tant quelque chose que l’on ‘fait’ qu’une manière d’échapper aux conduites sociales ordinaires”

Michaël Fœssel, propos recueillis par Victorine de Oliveira publié le 18 septembre 2020 8 min

Faire la fête, une utopie provisoirement enterrée par la pandémie de Covid-19 ? Si l’on retient qu’elle est avant tout une forme de dépense improductive, de nouvelles modalités en sont peut-être encore possibles. C’est en tout cas l’espoir du philosophe Michaël Fœssel. 

 

Que signifie pour vous « faire la fête » ? Qu’y cherche-t-on ? 

Michaël Fœssel : La fête n’est peut-être pas tant quelque chose que l’on « fait » qu’une manière d’échapper pour un temps aux conduites sociales ordinaires. Bien sûr, il existe des fêtes officielles, généralement organisées autour de la commémoration nationale. On pense, par exemple, à la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790 censée réunir le peuple autour de la synthèse entre la nation et le roi. Ce genre de fêtes est organisé par le pouvoir et autour de lui. Il y a un centre autour duquel le peuple se retrouve, mais où chaque citoyen n’a qu’une position de spectateur. Il est possible de privilégier une autre figure de la fête, plus informelle, où il n’y a pas de centre et à laquelle les individus participent plutôt qu’ils ne contemplent. C’est le modèle de la fête défini par Rousseau dans la « Lettre à d’Alembert sur les spectacles », et qu’il oppose justement au théâtre où il y a une salle et une scène et où les spectateurs ne deviennent jamais les acteurs de la pièce. Ce genre de fête un peu plus improvisée me semble davantage correspondre à la démocratie. Car il existe un lien intime entre la fête et la politique : la première est une expérience de l’égalité où les rôles ne sont pas fixés à l’avance et où l’exubérance cesse d’être perçue comme un vice. On cherche certainement dans la fête une occasion de mettre en suspens la logique du jugement social et la soumission aux hiérarchies économiques. Cela explique, selon moi, pourquoi les fêtes qui reproduisent et renforcent ces hiérarchies ne sont que des simulacres où l’ennui l’emporte sur la joie. Après le déconfinement, les médias ont illustré l’idée selon laquelle « la fête est finie » en prenant l’exemple des clubs de Saint-Tropez contraints de rester fermés pendant l’été. Il est révélateur qu’aujourd’hui l’image sociale dominante de la fête soit celle de millionnaires réunis autour de leurs yachts, entourés de vigiles aux aguets et de physionomistes passés maîtres dans l’art de savoir qui a le droit d’entrer. La véritable fête relève davantage de ce que Georges Bataille appelait la « dépense improductive », c’est-à-dire d’un usage des corps alternatif à la rentabilité économique. Comme dans les Saturnales romaines ou les carnavals au Moyen Âge, il y a bien une dépense des corps et même parfois un certain faste, mais sans but utilitaire. Pendant une fête, le temps social concurrentiel et productiviste est suspendu, la fatigue ne résulte pas du travail mais du plaisir. Ce qui manque aujourd’hui, avec la fermeture d’un grand nombre de lieux de fêtes, ce sont ces expériences collectives où les gens ne sont pas réunis autour d’impératifs professionnels, mais tentent d’expérimenter d’autres manières d’être ensemble. 

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