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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Le Premier Consul Napoléon Bonaparte (1769-1821) franchissant les Alpes au col du Grand-Saint-Bernard en mai 1800 (Détail). Peinture d'après Jacques-Louis David (détail). © Photo Josse/Leemage

 

Commémoration

Napoléon, de Rousseau à Machiavel

Octave Larmagnac-Matheron publié le 05 mai 2021 11 min

On connaît bien les jalons de la geste napoléonienne, de la marche au triomphe au crépuscule. On connaît moins les philosophes qui ont pu nourrir la vision du monde de l’empereur. Enquête sur sa formation intellectuelle et ses références philosophiques.

 

Hegel 

« J’ai vu l’Empereur – cette âme du monde – sortir de la ville pour aller en reconnaissance ; c’est effectivement une sensation merveilleuse de voir un pareil individu qui, concentré ici sur un point, assis sur un cheval, s’étend sur le monde et le domine. » Nous sommes en 1806. Hegel est en train d’achever son grand œuvre, la Phénoménologie de l’esprit. Napoléon s’apprête à livrer la bataille d’Iéna. Il défile dans les rues de la ville, passe sous la fenêtre du philosophe. Hegel en a la certitude, Napoléon effectue, en acte, ce que lui-même s’efforce de théoriser : l’histoire est un processus téléologique de réalisation de « l’esprit absolu ». Napoléon, en ce sens, n’est que l’instrument de l’Absolu : il sait « ce qui est nécessaire et ce dont le moment est venu », mais ne comprend pas, au fond, ce qu’il fait. « À la pointe de toutes les actions », l’empereur est aveugle. « Toute sa nature ne fut que sa passion. » Il ne voit pas Hegel d’ailleurs : c’est au philosophe que revient, finalement, de donner sens au grand mouvement dont Napoléon est le héros. 

Si l’interprétation hégélienne du moment napoléonien est bien connue, elle laisse pourtant bien peu de place – voire aucune – à la singularité du personnage, à ses motivations subjectives, à la manière d’appréhender sa propre action, son rôle dans l’histoire. Comment devient-on, au juste, Napoléon ? Question facultative, pour le philosophe allemand : l’homme n’a pas d’importance, seul compte ce qu’il incarne. 

Mais alors, comment, donc, devient-on Napoléon ? En lisant ! Pas seulement, bien sûr, mais il ne faut portant pas négliger combien ses lectures ont façonné la vision politique du futur empereur, dont la mémoire impressionnait, d’ailleurs, ses contemporains. Des lectures philosophiques, en particulier. Rien ne prédestinait Napoléon, issu d’un milieu relativement modeste, à emprunter cette voie. C’est, notamment, à partir du moment où il intègre le régiment d’artillerie de La Fère (1785) que Napoléon commence à multiplier les lectures. Comme en témoignent ses Notes, il se penche sur Montaigne, Cicéron, Tite-Live, Plutarque, Fénelon, Voltaire, Bossuet, Hobbes. De Machiavel, il a lu aussi bien Le Prince que l’Histoire de Florence. Quant à Platon, il en connaît au moins La République. 

“On ne fait rien d’un philosophe”
Napoléon

 

Fort de sa culture, Napoléon participe même à un concours organisé par l’Académie de Lyon. À chaque participant, il est demandé de répondre à cette question : « Quelle éducation donner aux hommes pour les mettre sur le chemin du bonheur ? » Napoléon en tire un « discours sur le bonheur », qui s’inspire, sur le fond, de l’utilitarisme anglais : « l’homme est né pour être heureux », la politique doit être orientée par cette exigence d’une « jouissance de la vie la plus conforme à son organisation ». Quant à la méthode, Napoléon l’emprunte au sensualisme de Condillac : « Raisonner, c’est comparer. » Le futur empereur se méfie des grandes spéculations métaphysiques (« on ne fait rien d’un philosophe ») : la réflexion doit rester, à ses yeux, au plus près de l’expérience, et se dépouiller de tout dogmatisme. Une conviction partagée par les membres de la Société des idéologues fondée en 1795 par le philosophe matérialiste et antithéiste, lui aussi disciple de Condillac, Antoine Destutt de Tracy. L’alliance, pourtant, ne durera pas : les idéologues se retourneront contre Napoléon lorsque celui-ci cherchera à s’attirer le soutien des traditionalistes catholiques. Une trahison qui révèle combien les partis pris philosophiques du futur empereur restent secondaires par rapport à la question qui le préoccupe vraiment : la politique.

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