Pierre Assouline : “Pour le commissaire Maigret, le mal est une exploration”
Il y a pile cinquante ans paraissait Maigret et Monsieur Charles, la dernière apparition (littéraire) du commissaire Maigret, infaillible enquêteur né sous la plume de Georges Simenon (1903-1989). Alors qu’est en ce moment à l’affiche une nouvelle adaptation cinématographique des aventures du limier le plus célèbre de la littérature francophone, nous avons rencontré Pierre Assouline, biographe et spécialiste de l’écrivain belge, pour qu’il nous en dise plus sur l’homme qui, comme son créateur, avait toujours une pipe à la bouche. Commissaire Maigret, déclinez votre identité…
Que représentent les Maigret dans l’œuvre de Georges Simenon ?
Pierre Assouline : Le personnage de Maigret est né avec la vocation d’écrivain de Simenon. Mais il ne prenait pas vraiment au sérieux ses Maigret. C’était une manière de se faire la main (« gâcher du plâtre », comme il disait) et une sorte de récréation (« J’écris un Maigret entre deux “romans durs” pour me détendre », aimait-il rappeler). Il voulait surtout être connu pour ses « romans durs », justement, qui sont au nombre de 130 – contre 70 Maigret. Pensons à La Vérité sur Bébé Donge (Gallimard, 1942) ou encore Cour d’assises (Gallimard, 1941). Mais, aujourd’hui, on ne retient que ses Maigret ! Or, il méprisait cette série de livres. Il en voulait à Maigret car ce dernier lui a fait de l’ombre. Il était devenu plus célèbre que lui. Maigret est connu dans le monde entier mais Simenon, pas toujours. C’est un cas intéressant de créateur écrasé par sa créature.
Malgré cette prise de distance, Simenon et Maigret ont-ils des points communs ?
La pipe, évidemment ! Plus sérieusement, Simenon est quelqu’un qui veut comprendre et pas juger. C’est aussi la devise de Maigret. C’est en cela qu’il ne s’est jamais engagé politiquement. Le deuxième point commun est que tous les deux voulaient être médecin. Simenon, qui se caractérisait comme un « raccommodeur de destinées », voulait probablement être psychiatre. Ça le fascinait. Maigret aussi voulait l’être. Et ce point n’est pas étranger au fait de vouloir comprendre plus que juger. À part ça, tout les oppose. Leur tempérament n’est pas le même. Maigret est un petit bourgeois, qui rentre à heure fixe chez lui et où sa femme l’attend avec un bon petit plat. Il a un rapport viscéral à la terre. C’est un bon petit Français, en somme. Simenon est un homme qui vit sous le signe de l’excès. C’était un grand fêtard et un insatiable voyageur.
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
À la fois professeur de littérature française et psychanalyste, Pierre Bayard est l’auteur d’une œuvre à l’ironie déroutante car elle s’attache à…
Les fictions, en littérature ou au cinéma, nous font vivre par procuration des expériences singulières qui culminent dans les dilemmes qu’affrontent les personnages. C’est ainsi que nos propres choix, en miroir, s’éclairent…
Les Crimes du futur, le dernier opus de David Cronenberg, nous plonge dans un univers cauchemardesque où l’humanité connaît ses derniers…
Le philosophe Pierre Cassou-Noguès a fait paraître en octobre dernier Virusland (Editions Cerf). Il explique son choix de passer par la fiction…
L’immense popularité du film Dune, réalisé par Denis Villeneuve d’après le roman de Frank Herbert (1965), a prouvé que la science-fiction est…
Tristan Garcia remporte le prix du Livre Inter pour “7”. Jeune romancier philosophe, il brosse dans ce livre ambitieux un portrait de la condition de l’homme contemporain.
L’écrivain et théoricien du cinéma Jean-Louis Comolli est disparu le 19 mai, jour de la parution de son dernier livre, Jouer le jeu ? …
Le film Munch, de Henrik Martin Dahlsbakken, en salles mercredi 20 décembre, nous plonge au cœur de la psyché du peintre génial du Cri. Filmant…