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© Liam Daniel/Netflix

Entretien

Pierre Savy : “L’anachronisme est stimulant pour l’historien”

Pierre Savy, propos recueillis par Hannah Attar publié le 06 mars 2021 6 min

La nouvelle série Netflix La Chronique des Bridgerton est bourrée à craquer d’anachronismes. Est-ce une faute majeure, comme le dirait le grand historien Lucien Febvre ? Nous avons demandé son éclairage au spécialiste du Moyen Âge Pierre Savy, qui a vu la série pour nous. Et selon lui, au contraire, l’anachronisme est stimulant. Entretien.

 

La série La Chronique des Bridgerton, qui nous plonge dans l’Angleterre de la Régence au début du XIXe siècle, connaît actuellement un large succès populaire, notamment auprès du public adolescent. L’usage récurent de l’anachronisme y est-il pour quelque chose ?

Pierre Savy : L’anachronisme a effectivement d’abord une fonction pédagogique. Dans la série, certains anachronismes peuvent s’apparenter à des bévues ou des fantaisies de la part des réalisateurs – c’est, par exemple, l’apparition d’une ligne jaune qui indique la circulation, dont les blogs de fans s’amusent en ligne. Mais les anachronismes les plus visibles sont les plus intéressants. Il s’agit des coiffures, de la musique et de la couleur de peau des acteurs, qui ont pour fonction de toucher le public. Des coiffures étonnantes ou des musiques qui plaisent à l’auditeur, ce sont autant de manières d’entrer dans l’œuvre facilement. Cela vaut pour une œuvre grand public, mais aussi pour des textes scientifiques. Les historiens vont ainsi parler de « mafieux » en référence à un homme qui ne respecte pas la loi au Moyen Âge, de « commissaire du peuple » à la Soviet pour désigner un Inquisiteur… Ces anachronismes délibérés ont une fonction rhétorique, ils rendent l’œuvre accessible.



Cela est aussi censé créer un lien d’empathie entre le spectateur et les personnages… à tel point qu’on peut se demander si l’on ne sert pas là la fiction plutôt que l’histoire.

Les variations entre les époques ne sont pas cachées, mais une empathie s’installe, en effet, et véhicule l’idée de quelque chose d’universel qui nous relierait à ces hommes et femmes du passé. La série vient donc rompre avec l’historicisme, la grande profession de foi des historiens, qui consiste à dire que chaque chose est entièrement déterminée par l’époque dans laquelle elle s’inscrit. Dans cette perspective, on ne peut pas rétro-projeter un élément d’une époque postérieure sur une période passée. Quand on pratique délibérément l’anachronisme, on met donc l’historicisme en péril, en posant que les époques ne sont pas radicalement étanches les unes aux autres. À travers la permanence de certains éléments, je peux m’identifier à des gens qui ont vécu il y a 200 ou 2000 ans, qui s’habillaient certes différemment de moi, mais rencontraient des questions et des difficultés similaires. Dans Bridgerton, il s’agit en particulier de la condition de la femme, de l’amour et du choix de l’objet aimé dans une société de contrainte.

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