Que notre volonté soit fête
L’humeur ne se décrète pas, c’est entendu. Mais, moins grandiose que le bonheur ou la joie, c’est elle qui fait de nos journées une vivifiante promenade ou un triste tunnel. Alors, comment la saisir au vol et l’entretenir ? Trois voies existent pour ne pas (trop) déprimer.
Proposer aujourd’hui un dossier sur la méthode du bonheur ou l’art de la joie serait presque indécent. Quel bonheur dans un monde de plus en plus angoissant ? Quelle joie alors qu’autour de nous les gens souffrent ? C’est pourquoi nous nous donnons un objectif plus modeste : cultiver sa bonne humeur, passer une bonne journée sans trop râler ni s’énerver, se sentir léger et vivant, répandre une traînée d’entrain tout autour de soi. Même s’il semble la plupart du temps dérisoire aux philosophes, cet objectif, au moins, est à notre hauteur.
Mais existe-t-il une méthode pour susciter la bonne humeur ? Il y a une centaine d’années, un pharmacien exerçant à Troyes vendait ses médicaments avec des paroles de réconfort et considérait que la guérison était surtout une question d’imagination. Selon lui, il était possible d’agir sur notre inconscient grâce à l’autosuggestion, à l’hypnose ou à la répétition de paroles positives. Son nom ? Émile Coué. Moquée après sa mort en 1926, sa vision est aujourd’hui partagée par certains adeptes de la pensée positive. Il suffirait de quelques efforts, voire, au travail et dans les événements collectifs, d’un chief happiness officer ou de quelque autre ambianceur pour retrouver le sourire.
Le problème, c’est que l’humeur ne se décrète pas. Contrairement aux émotions, elle ne naît pas d’un événement particulier et ne se manifeste pas aussi nettement par un rire ou des larmes. Elle apparaît on ne sait trop comment, flotte silencieusement, colore l’atmosphère, puis s’évanouit. D’un côté, elle dépend de nous, de notre état d’esprit, de notre manière de regarder les choses et les gens. De l’autre, elle émerge d’une ambiance et dépend d’autrui. La bonne humeur est pleine de paradoxes. Elle procède de notre volonté de glisser sur ce qui déplaît, de ne pas trop nous plaindre, de concentrer notre attention sur ce qui peut nous faire du bien. Mais elle n’a vraiment rien d’un code moral explicite et efficace à tous les coups. Elle se manifeste par une forme de disponibilité à autrui mais aussi par une certaine distance afin de ne pas se montrer intrusif. Elle ne se provoque pas mais est contagieuse. Il faudrait la saisir au vol plutôt que la créer ex nihilo, puis la faire durer.
Faites-vous primer le désir comme Spinoza, la joie à l'instar de Platon, la liberté sur les pas de Beauvoir, ou la lucidité à l'image de Schopenhauer ? Cet Expresso vous permettra de le déterminer !
Dans son adresse au Congrès, lundi 3 juillet, le président de la République Emmanuel Macron a cité Simone Weil pour défendre l‘“effectivité” de…
Simone Weil et Simone de Beauvoir se connaissaient mais ne se supportaient pas. Un antagonisme révélé par Les Visionnaires, nouveau livre de l’ex…
Selon le géographe Michel Lussault, Simone Weil a eu cette intuition géniale que l’ancrage dans un territoire n’est pas uniquement fonctionnel : il permet à l’individu de se forger en être parlant et agissant, et de trouver ses marques…
De toutes les pratiques de psychologie positive, la méthode Coué est, certainement, la plus connue et l’une des plus anciennes. Mais de quoi s…
Durant sa courte vie, Simone Weil n’a cessé de se confronter, physiquement et intellectuellement, au problème du mal et de la souffrance. Sa philosophie, pourtant, reste teintée d’espoir : tout dans le monde, de la beauté…
Aujourd’hui, dans le monde anglo-saxon, c’est la fête de Halloween. Et depuis quelques années, comme désormais la majorité des pays européens…
Notre rédacteur en chef Michel Eltchaninoff a été distingué ce 23 juillet 2016 par le prix Livre et Droits de l’Homme pour son essai “Les Nouveaux…
Notre collaborateur Michel Eltchaninoff a reçu, ce mercredi 20 mai 2015, le prix de l'Essai décerné par “La Revue des Deux Mondes” pour son…