Pour ou contre les partis ? Le débat Weil contre Kelsen
Les partis sont aujourd’hui l’objet d’un désamour profond. Là où ils apparaissaient comme le fondement de la vie démocratique, ils semblent devenus, aux yeux de beaucoup, des coquilles vides, idéologiques, qui polarisent inutilement le débat. Faudrait-il les supprimer ? Oui, pour Simone Weil. Surtout pas, répond Hans Kelsen.
Simone Weil : diagnostiquer la crise des partis
Simone Weil nous aide à mettre des mots sur notre désamour des partis politiques, qui semblent devenus de pures machines à créer du conflit pour le conflit. Dans Note sur la suppression générale des partis politiques (1940), elle ne mâche pas ses mots contre des organisations qu’elle qualifie de « lèpres » : « Le mal des partis politiques saute aux yeux. » Quel est donc le problème ? « La vérité est une, la justice est une. […] Les hommes convergent dans le juste et le vrai. » La « volonté générale » qui détermine l’intérêt commun d’un peuple est indivisible, parce qu’elle procède de « la raison […] identique chez tous les hommes ». Les partis, au contraire, entretiennent la division, la fragmentation, le clivage des positions, la polarisation des débats, la guerre des idéologies. « On en est arrivé à ne presque plus penser, dans aucun domaine, qu’en prenant position “pour” ou “contre” une opinion. Ensuite on cherche des arguments, selon le cas, soit pour, soit contre ».
Les partis, en effet, se nourrissent des « passions », de la part la moins universelle de l’homme, et prospèrent en vertu du dissensus. « Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective », il « est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres ». Et surtout, « l’unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite ». De ce point de vue, « tout parti est totalitaire en germe et en aspiration » : il vise, non à progresser vers le bien commun, mais à imposer, à tous, certains intérêts et dogmes particuliers. Et Weil de conclure : « Les partis sont des organismes publiquement, officiellement constitués de manière à tuer dans les âmes le sens de la vérité et de la justice. […] La conclusion, c’est que l’institution des partis semble bien constituer du mal à peu près sans mélange. Ils sont mauvais dans leur principe, et pratiquement, leurs effets sont mauvais. La suppression des partis serait du bien presque pur. » À bas les partis !
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