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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Riding with Death - Jean-Michel Basquiat. 1988. Acrylique et crayon gras sur toile.249 x 289,5 cm.Collection privée

© The estate of Jean-Michel Basquiat / Adagp, Paris 2023 - Cliché : Galerie Enrico Navarra / Adagp images

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À quoi ressemblerait la belle mort ?

Alexandre Lacroix publié le 11 janvier 2024 9 min

Tandis que la réforme de la législation sur l’euthanasie suscite des débats houleux, la tradition philosophique nous offre trois démarches pour nous réconcilier avec notre mortalité : être capable de renoncer à son corps, considérer que la mort n’est rien ou qu’y penser nous tient en éveil.

 

Apprendre à mourir : c’est, selon Socrate, l’une des missions premières de la philosophie. Aujourd’hui où nous nous en remettons aux institutions médicales et à la pharmaceutique pour affronter la mort, la signification existentielle de cette expérience est occultée ou peu discutée. Il est donc intéressant de découvrir les approches que propose la tradition philosophique.

La dernière journée de Socrate est racontée par Platon dans un dialogue bouleversant, le Phédon. Le philosophe a été condamné à boire la ciguë, mais ses amis se sont organisés de manière à lui ménager une possibilité de s’enfuir. Il pourrait s’échapper de sa prison, un bateau l’attend… Oui, mais Socrate préfère obéir aux lois de la cité. Pour consoler ses amis qui ne partagent pas sa détermination, il leur explique qu’il est en paix avec l’idée de mourir. Cette paix repose en partie sur la conviction que l’âme est immortelle, et le Phédon expose une démonstration de l’immortalité de l’âme qui convoque la théorie des Idées. Nous avons en nous des Idées éternelles que nous avons contemplées avant notre naissance, notre âme est donc prise dans un cycle qui excède notre vie terrestre. Cette théorie n’est plus guère partagée, mais Socrate a d’autres arguments dont la portée reste intacte : ainsi, se préparer à la mort, c’est entretenir un certain rapport de détachement avec ses sensations, c’est être capable de renoncer à son corps, de le laisser retourner à la matière, et l’habitude de philosopher peut nous y aider… Au fond, la belle mort selon Socrate est celle où nous avons le courage de nous détacher de la vie physiologique, où ne nous fuyons pas devant l’épreuve.

L’autre grande conception de la mort léguée par les Grecs vient de la Lettre à Ménécée. Épicure y use d’un argument opposé à celui de Socrate : la mort ne devrait pas nous effrayer précisément parce que l’âme est mortelle ! Une fois que nous sommes morts, nous n’avons pas mal, nous n’avons pas de regret de la vie passée, nous ne sommes pas tristes, puisque nous ne sommes plus. C’est pourquoi la mort n’est rien. Si cet argument convainc, un disciple contemporain d’Épicure, Marcel Conche, rappelle qu’elle passe sous silence un fait déplaisant : la mort n’est rien, certes, mais le mourir est bien concret, et il est des manières de mourir atroces. Préférera-t-on mourir dans son sommeil ou lucide ? Par accident ou par épuisement ? Il ne se prononce pas, mais c’est sur les modalités du passage – qui peuvent rendre la mort laide, voire ridicule – qu’il invite à tourner notre regard.

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