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© Chattam House, London / Flickr

Face cachée

Rached Ghannouchi. L’antimoderne

Fabien Trécourt publié le 11 juillet 2012 10 min

Le parti islamiste Ennahda, au pouvoir en Tunisie depuis 2011, est-il un parti conservateur mais pragmatique, prêt à engager la démocratisation du pays ? Ou, au contraire, le visage policé d’un fanatisme autoritaire ? Pour le comprendre, retraçons le parcours philosophique et théologique de son fondateur, le très secret Rached Ghannouchi.

 

« Nous sommes arabes et notre langue, c’est l’arabe. On est devenu franco-arabe, c’est de la pollution linguistique ! » Cette salve de Rached Ghannouchi, le 26 octobre dernier sur la radio généraliste tunisienne Express FM, est révélatrice. Le nouvel homme fort de Tunis, figure de proue du parti islamiste Ennahda – qui s’est imposé aux dernières élections – est prompt à fustiger la colonisation idéologique supposée du Maghreb. Pragmatique, ambigu, adepte du double langage d’après ses adversaires, Ghannouchi se révèle ici tout entier. Il déteste cet Occident qu’il juge impérialiste et décadent, qu’il soupçonne de vouloir annihiler la culture islamique jusqu’en terre musulmane. Il combat une philosophie européenne qui prétend substituer l’homme à Dieu, dans ses versions matérialiste, utilitariste ou existentialiste… Sans oublier Nietzsche et Darwin, « coupables » d’inspirer l’oppression des faibles, des Noirs et des Indiens d’Amérique, ou encore des Palestiniens. « L’idéologue continue à fulminer, observe Hamadi Redissi, professeur en sciences politiques à Tunis 1, contre le capitalisme, l’impérialisme, le colonialisme et le sionisme. » Le rejet de la culture européenne, sous ses formes les plus diverses, est la seule constante de son sinueux parcours.

Chronologie

  • 13 août 1956 Quelques mois après l’indépendance tunisienne, promulgation du Code du statut personnel qui modernise le droit des femmes. 
  • 6 juin 1981 Création du Mouvement de la tendance islamique (MTI), qui deviendra Ennahda en février 1989. 
  • 2 avril 1989 Le parti est autorisé à se présenter aux élections législatives sur des listes indépendantes. 
  • 30 août 1992 Rached Ghannouchi, réfugié politique à Londres, est condamné par contumace à la prison à vie. Depuis un an, le pouvoir tunisien arrête massivement les militants d’Ennahda. 
  • 30 janvier 2011 Rached Ghannouchi revient en Tunisie à l’issue de la révolution. Ennahda est autorisé le 1er mars. 
  • 27 octobre 2011 Ennahda arrive en tête des élections avec 90 sièges sur 217. 
  • 24 décembre 2011 Formation du gouvernement. 19 membres d’Ennahda (sur 41 ministres et secrétaires d’État) y siègent. Le Premier ministre, Hamadi Jebali, est issu d’Ennahda. 
  • Juillet 2012 Congrès du parti. 

Né en 1941 dans le Sud tunisien, issu d’une famille pieuse et suffisamment aisée pour financer ses études dans une école coranique, Rached Ghannouchi, de son vrai nom Rached Kheriji, obtient un diplôme en théologie avant de partir étudier la philosophie à Damas puis à Paris. « Il est certes titulaire d’une licence, mais on n’en sait guère davantage, relativise Hamadi Redissi. Il ne s’en est jamais expliqué. » De fait, sa biographie officielle 2 valorise surtout les à-côtés : le jeune homme est tiraillé entre une stricte éducation religieuse et l’attrait de la modernité. Il pratique de moins en moins, admire le président égyptien Nasser et se convertit au nationalisme arabe, alors en plein apogée. Dès que l’occasion se présente, il « bourlingue » à travers le monde et vit de petits boulots – camionneur, vendangeur, etc. Déçu par un premier voyage dans l’Égypte nassérienne, accablé par la « décadence » de la jeunesse européenne, il découvre au gré de ses lectures que le nationalisme a ses racines dans la philosophie politique occidentale. Choqué, il somme ses camarades nasséristes d’exprimer leur position sur la place de l’islam dans l’espace public. Faute de réponse claire, il rompt et cherche dans la religion un socle identitaire alternatif. Il a une « illumination » la nuit du 15 juin 1966 : au-delà des rites et des traditions, il éprouve un sentiment islamique, une révélation qui puisse faire ciment. « Arabe » et « musulman » deviennent synonymes dans son esprit, comme pour subsumer les deux tendances qui s’affrontaient en lui.

Expresso : les parcours interactifs
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